La Corée du Sud à l’honneur dans un collège de Gagny

« Bienvenue aux élèves du collège de Sanjeong, à Gwangju » Placée dès l’entrée du collège Théodore-Monod, la banderole disait déjà, en caractères latins et coréens, la fierté de l’établissement d’accueillir leurs visiteurs venus de loin.

Depuis le samedi 6 septembre et jusqu’au 12, 15 élèves de 3^e recevaient leurs 10 correspondants coréens, originaires de la ville de Gwangju.

Un projet labellisé « 130 pays, 130 collèges », lancé avant la tenue des Jeux de Paris 202 grâce notamment au service départemental Via le Monde et qui consistait à approfondir pendant au moins une année la culture d’un pays participant à l’événement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces 15 élèves de Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) auront joué le jeu(x) jusqu’au bout puisqu’après être eux-mêmes allés en Corée, ils accueillaient donc leurs alter-ego du Matin calme en ce début septembre.

Et pas besoin d’un bilan savant pour mesurer les bénéfices de cette aventure, ceux-ci se lisaient sur tous les visages. Anthony, sourire aux lèvres, se disait ainsi « fier » d’avoir accueilli les Coréens dans son établissement : « On leur a montré le collège, on a cuisiné avec eux, c’était vraiment sympa », racontait le jeune garçon, encore sous le charme de sa visite en Corée en avril dernier.

Japhet, lui aussi, avait manifestement grandi avec ce projet . « Je vais en garder de beaux souvenirs et on s’est promis de rester en contact. Et puis, ça m’a aussi donné envie de voyager plus, de découvrir le Japon, la Chine… », soufflait l’élève de 3e.

Côté coréen, les mines étaient tout aussi ravies. « C’est une vraie chance d’être ici. J’ai été impressionnée par le mélange à Paris entre les bâtiments modernes et les vieux édifices. Chez moi, à Gwangju, il y a surtout des gratte-ciels », expliquait Haena, jeune fille de 16 ans.

Taekwondo, « voie du pied et du poing »

Après un premier jour à visiter certains sites touristiques parisiens – Versailles, la Conciergerie, la Sainte-Chapelle – mais aussi séquanodionysiens – le Stade de France et la Basilique ! – le programme des correspondants coréens se sera davantage centré sur le collège. Logés dans le 12e arrondissement, les élèves de Gwangju ont toutefois eu la joie de dîner un soir dans les différentes familles de Gagny : « on a mangé du gratin, de la pastèque, du melon, de la salade avec du fromage. C’était un régal », énumérait Haena, enthousiaste, en faisant défiler ses photos.

Et si besoin était encore, une séance de taekwondo, un art martial originaire de Corée, aura achevé de briser la glace.

Pendant deux bonnes heures, Beaudric Bilendo Duma, maître aux Warriors de Pantin, et Franck Edvige, son équivalent au TK Dugny, seront en effet venus présenter « la voie du pied, du poing et de l’esprit » (« tae-kwon-do ») discipline aux collégiens, avant d’organiser avec eux une séance de découverte.

« Hana, dul, set, net… » (1, 2, 3, 4…) Le décompte de Beaudric correspondant à différents enchaînements rappelait aussi aux élèves français comment on compte en coréen. Et Franck Edvige rappelait avec fierté qu’il était l’entraîneur de Djelika Diallo, athlète d’Epinay ayant décroché l’année dernière l’argent paralympique en taekwondo.

– Quel était son handicap ?, osait demander l’un des élèves coréens. « Djelika a un bras atrophié. Ensemble nous avons beaucoup travaillé la mobilité de ce bras. Je suis très fier de tout le chemin qu’elle a parcouru », lui répondait le ‘sabonim’ (maître en coréen). Mercredi, une visite du Prisme, gymnase de Bobigny dédié notamment à la pratique du para-sport, allait encore plus pouvoir renseigner les élèves coréens sur ce sujet.

« J’ai adoré la séance. Dans mon enfance, j’ai fait du taekwondo puis j’ai arrêté. Là, ça m’a rappelé de très bons souvenirs. Et les deux enseignants venus pour faire la séance étaient vraiment chaleureux », remerciait Jinho, élève de Gwangju, fidèlement traduit par une interprète de l’ambassade de Corée en France.

Au-delà des élèves de Segpa, c’est même tout le collège qui aura pu profiter de la présence des Coréens puisqu’un peu plus tôt, d’autres élèves de 3^e avaient pu en compagnie des Coréens confectionner des affiches sur le thème de la démocratie. « Pourquoi la démocratie ? Parce que notre ville reste marquée par le massacre du 18 mai 1980, quand des étudiants et des syndicats s’étaient soulevés contre un coup d’État et que leur mouvement avait été réprimé par l’armée, causant plusieurs milliers de morts », expliquait Eunyoung Yu, professeure d’anglais à Gwangju.

Anthony Viator, son alter-ego à Gagny, espérait lui vivement que le lien puisse maintenant perdurer entre les deux établissements. « Ce projet a apporté tellement de choses à mes élèves. Imaginez-vous, avant ce voyage, beaucoup n’étaient jamais partis, n’avaient jamais parti pris l’avion. Là, ils se sont ouverts à une autre culture, ils ont été capables d’échanger malgré la barrière de la langue. Ce serait bien d’entretenir cette dynamique », souhaitait cet enseignant de maths et français.

Le « annyeonghi gaseyo » (au revoir) prononcé à la fin du séjour des Coréens devrait donc être de courte durée.

Christophe Lehousse

Photos: @Marie Magnin