Des échecs pour favoriser la réussite

« Ma stratégie aux échecs, c’est d’avancer calmement les pions, attendre que mon adversaire fasse une erreur et attaquer, attaquer, attaquer… » déclare Sébastien, 14 ans, qui vient de mettre son jeune adversaire échec et mat. Comme ses camarades Hassna, Davud, Agnès…, l’adolescent s’est inscrit au championnat départemental d’échecs par l’intermédiaire de son professeur d’histoire-géographie qui a créé un atelier d’échecs au sein du collège Raymond-Poincaré de La Courneuve.
Après les « pointages » (confirmation des inscriptions) et les « appariements » (désignation des adversaires) en fin de matinée, 307 élèves des écoles maternelles, élémentaires et de collèges se sont affronté·es sur 4 rondes de 2 X 12 minutes dans une ambiance bon enfant, encouragé·es par leur famille, leurs professeur·es d’échecs, les 5 arbitres ou des amateur·rices du « jeu des rois » venu·es les soutenir.

Développer le jeu d’échecs dans les écoles

« Cette compétition est très importante puisqu’elle nous donne une meilleure visibilité pour introduire les échecs au sein des établissements scolaires » explique Mehdi Bouteghmès, président de Génération Miracle, le club d’échecs de la Courneuve organisateur de cette compétition subventionnée par le Département. « Nous avons la chance d’avoir pas mal de professeurs volontaires pour initier les élèves à notre sport sur la pause méridienne ou le temps périscolaire. Notre objectif consiste à convaincre l’administration scolaire des bienfaits des échecs en terme de concentration, de confiance en soi ou de respect des règles et de l’adversaire ».
Davud, 14 ans, a commencé à taquiner les pions au CM2 sur les conseils d’un enseignant. Séduit par l’immensité des combinaisons à imaginer, il s’est inscrit très jeune auprès du club courneuvien et est suivi depuis des années par le professeur d’échecs Romain Mariller.
« Je m’entraîne deux fois par semaine dans mon collège et autant que je peux auprès de Génération Miracle. En plus, on a la chance de recevoir régulièrement le maître international Abdelaziz Onkoud qui nous donne des conseils, nous incite à analyser les parties… » annonce le collégien, qui déclare avoir des résultats encore meilleurs en mathématiques ou en technologie grâce aux efforts de concentration et de mémorisation développés sur l’échiquier.

Un tournoi scolaire qui passionne les jeunes

Les représentant·es d’une cinquantaine d’établissements scolaires et de 19 clubs d’échecs départementaux étaient présent·es dans les travées du gymnase. « Le championnat fonctionne sur le système suisse qui permet aux vainqueurs et aux perdants de combattre à chaque ronde un adversaire qui a à peu près le même nombre de points, donc sensiblement le même niveau » indique Philippe Moreira, président de l’Echiquier Blanc-Mesnilois. « Les joueurs, qui ont entre 12 et 20 minutes pour chaque partie (NDLR : en gagnant 3 secondes par coup) doivent gérer le chrono et jouer de façon équilibrée pour gagner, ce qui apporte du punch et de l’excitation autour des pièces ».
La rapidité avec laquelle les écolier·ères âgé·es pour partie de 7 ou 8 ans poussent les pions laisse pantois. Le « roi des jeux », de plus en plus pratiqué dans les enceintes scolaires du territoire, passionne les très jeunes comme Hassna, 8 ans, en CE2 à l’école élémentaire Paul-Langevin, qui demande à sa mère d’imprimer des exercices tactiques pour progresser. « Avec les échecs, on joue avec le temps, la patience, la stratégie… Et j’arrive souvent à battre les garçons, même s’ils aiment pas… » confie la fillette avec un sourire.
Ce sport étant plutôt masculin, les clubs locaux sont attentifs aux nouvelles recrues qu’ils essaient de prioriser en imposant par exemple deux filles dans chaque équipe. Ils couvent aussi des joueurs juniors passionnés comme Davud qui à 14 ans, vient de passer son diplôme de professeur d’échecs. Ou Dev, 11 ans qui met des adultes échec et mat lors de tournois internationaux.

Comme des dizaines de petit·es champion·nes, ces deux jeunes garçons ont reçu une coupe, sous les applaudissements de leurs copains, pour leurs réussites lors des 4 rondes. Au-delà de ces récompenses, ce sont surtout les résultats de leur établissement qui ont mis en joie tous les enfants, avec les collèges Angela-Davis de Bobigny à la première place, Raymond-Poincaré et Jean-Vilar de La Courneuve aux seconde et troisième places sur le podium et qualifiés pour le championnat académique le 26 mars. Une façon de démontrer, malgré leur jeune âge, que les plus jolies victoires sont collectives…

Crédit-photo : Fatima Jellaoui