Odyssée Jeunes, des voyages qui durent pour toujours…
- Escale finale à Saint-Denis, mercredi 28 juin, pour l’édition 2023 d’Odyssée Jeunes. Un programme de voyages pédagogiques qui ouvre les horizons des collégien·ne·s de Seine-Saint-Denis.
- Lors d’un mini-salon du tourisme, profs et élèves ont délivré une carte postale vivante de quelques-uns des 79 voyages réalisés avec le soutien de la Fondation BNP Paribas et de l’Éducation Nationale.
- Des aventures qui laisseront des traces durables dans les mémoires des élèves, encore plus lors de cette édition menée en mode écoresponsable.
Le Monte Cinto en Corse, le Mont-Saint-Michel, les sommets pyrénéens… A Saint-Denis, mercredi 28 juin, il régnait déjà comme un air de vacances à l’Usine Té, l’espace évènementiel qui fait face au Stade de France. Cet après-midi-là, un mini-salon touristique invitait aux voyages, tout en célébrant une nouvelle édition d’Odyssée Jeunes (lire notre encadré) un programme qui depuis 2009 soutient les voyages pédagogiques des collégien·ne·s. de Seine-Saint-Denis, en partenariat avec la Fondation BNP-Paribas et la direction des services départementaux de l’Éducation Nationale.
L’occasion donc de se replonger dans les souvenirs encore tout frais de voyages menés au printemps. D’ailleurs, certains, comme les élèves du collège Jaurès à Pantin avaient gardé rythme de leur récent périple à vélo en Normandie en ralliant Saint-Denis en pédalant : « Après avoir affronté les bosses normandes, on est rodés à l’effort », souriait Mathilde, la prof de maths et cheffe de file du peloton des Pantinois.
Mais, après l’effort, le réconfort… Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation BNP Paribas, donnait le top-départ d’une cérémonie « faite avant tout pour célébrer les collégiens et leurs professeurs. »
Soit au total, « 3354 élèves pour 79 projets menés dans 65 collèges », complétait Michel Pébereau, président de la Fondation BNP Paribas, rappelant au passage que la « vertu première de ce programme Odyssée Jeunes est de donner envie d’apprendre davantage et différemment. »
La crise climatique, une réalité soudain palpable
Et même durablement puisque chacun des voyages de cette édition 2022-2023 était mené sur le thème de la mode durable ou du voyage écoresponsable. De quoi, par exemple, mieux se rendre compte de l’étendue de la crise climatique pour les collégiens de Colonel-Fabien à Montreuil partis randonner dans les Pyrénées-Orientales du côté du lac des Bouillouses, un plan d’eau artificiel situé à plus de 2 000 mètres d’altitude, qui s’assèche peu à peu. Steve, élève de cinquième, en garde encore les yeux ronds d’étonnement : « C’était ma première fois en montagne et j’ai vu que les sommets, ce n’étaient pas seulement les grandes tours de nos quartiers », plaisante-t-il d’abord. Puis plus sérieux : « On a vu des choses concrètes comme des plantes en voie de disparition, ce lac qui s’assèche aussi. Du coup, en rentrant, tu fais beaucoup plus attention à ton environnement parce que tu comprends mieux ce qu’on t’explique en le voyant. »
« Waouh ! » : le mot de passe du voyage
Une réflexion que n’aurait pas reniée Mark Twain, le père de l’écolier buissonnier « Tom Sawyer » dont la devise était « il faut voyager pour apprendre. » Un précepte depuis longtemps adopté par Rémi Le Cren, professeur d’histoire-géo à Colonel-Fabien et également guide de moyenne montagne à ses heures perdues : « Ce qu’on fait découvrir à nos élèves en une semaine est incomparable. Pour la plupart, ils n’étaient d’ailleurs jamais allés en montagne. Alors, je n’ai pas arrêté d’entendre des « waouh » tout au long du voyage comme lorsqu’on a croisé un troupeau d’animaux en liberté. »
Un effet « waouh » qui semble aussi saisir Alice, Sasha et Mahaut-Lan, en 5e au collège Politzer de Bagnolet. A peine redescendues du podium du premier défilé de mode durable Odyssée Jeunes organisé avec l’association dionysienne Fripes Tease, le trio des collégiennes en redemande : « On a fait deux passages, mais c’est passé trop vite ! »
Alors, un peu moins rapidement, elles prennent le temps de faire défiler à nouveau les souvenirs de leur voyage à Berlin, préparé pendant toute l’année en réalisant des ateliers autour du recyclage textile ou des sensibilisations sur les ravages écologiques et sociaux de la « fast-fashion » symbolisés par l’effondrement en 2013 de l’usine de bric-et-de-broc du Rana Plaza au Bangladesh qui avait brisé la vie de plus de 1100 ouvriers et ouvrières travaillant pour de grandes enseignes du textile. « C’est vrai que ça a changé notre façon de voir la mode, maintenant on pense plus recyclage, récupération », explique ainsi Mahaut-Lan.
S’éloigner des écrans…
De vrais sujets d’échanges aussi avec leurs correspondants berlinois qui leur avaient concocté des visites locales autour du développement durable. « Et, franchement, enchainent les Bagnoletaises presque en chœur, on recommande à tout le monde de faire ce genre d’échanges avec des élèves d’autres pays. Tu découvres d’autres habitudes, d’autres façons de vivre. Ça t’oblige à t’adapter, à faire marcher ton intelligence. »
Ou encore à capter davantage le monde qui vous entoure. C’est, en tout cas ce que retient le Pantinois Kyliane’s, après avoir laissé derrière lui ses pédalées en direction du Mont-Saint-Michel : « Ce voyage, philosophe presque l’élève de 4e, c’est autre chose dans notre vie. C’est un moment qui nous coupe des écrans et de la ville, qui fait du bien… Et puis, surtout, on partage des bons moments lorsqu’on se retrouve tous sur une plage en fin de journée. »
« Une vraie parenthèse » dans l’année scolaire, prolonge Mathilde Adrover, professeure de mathématiques à Jaurès et coordinatrice du voyage. « Il y aussi beaucoup d’émotions et de plaisir à voir ses élèves se dépasser, repousser leurs limites sur de longues étapes à vélo, alors que certains savaient à peine se mettre en selle en début de l’année, ajoute-t-elle. Et à côté de ça, l’Odyssée, c’est un incroyable support de cours : préparer un voyage à vélos, ça te permet de mettre en pratique sur le terrain ce qu’ils apprennent de façon théorique : les échelles des cartes, les calculs de vitesse… »
Pour un peu, on se prendrait presque à penser que Montaigne avait formulé, au 16e siècle, son proverbial « les voyages forment la jeunesse » en imaginant avec un peu d’avance les Odyssées Jeunes de la Seine-Saint-Denis…
Frédéric Haxo
Crédits photo : Nicolas Moulard
Une aventure puissance 55 000
Lancé en 2009 et soutenu par le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et la Fondation BNP Paribas, le programme Odyssée Jeunes a deux objectifs forts : favoriser la mobilité et l’ouverture culturelle des collégiens du 93 au travers d’un voyage scolaire mais aussi permettre au plus grand nombre de pouvoir en bénéficier et notamment les collégiens issus des familles les plus modestes. Les projets Odyssée Jeunes d’une durée d’un an peuvent être financés jusqu’à hauteur de 15 000 euros. Depuis la création du programme, il y a 14 ans, ce sont 55 000 collégiens qui ont mené 1300 Odyssées à travers l’Hexagone et le monde. La prochaine session pour candidater à Odyssée Jeunes est programmée du 18 septembre au 18 octobre 2023.
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