Afin de clore sa résidence au sein de la Médiathèque Elsa Triolet, Mathilde Janin s’essaye à un format inédit. Mêlant texte, son et performance, il est composé à partir des fragments qu’elle a collectés pour son prochain roman. La mise en musique est signée Christophe Gitton.
« En anglais, « ajar » signifie « entrebâillé ». Ajar, ni ouvert ni fermé. Ajar, l’indécidable fait verbe.
C’est, me semble-t-il, l’adjectif qui qualifie le mieux ces mois où je suis devenue mère. Il existe peu de mentions de l’accouchement ou de la périnatalité dans la littérature. Quelques-unes, à partir du XIXe siècle. Chez Maupassant, Zola.
Il faut dire qu’avant la modernité, les écrivaines publiées et diffusées sont rares. Et quand, à partir des années 1950, les autrices commencent à s’imposer dans le champ de la littérature, elles se méfient de la maternité.
D’une, parce que, pour être une femme et pour être lue, il ne faudrait surtout pas avoir l’air de parler de sujets perçus comme féminins. De deux, parce que, pour être une femme et pour être lue, mieux vaut éviter de faire des enfants.
Un bébé, ça impose son rythme, ça demande une attention constante, c’est incapable de chérir le silence. En matière d’entrave à l’écriture, on fait difficilement plus redoutable.
Mais bon. Maintenant qu’Alma est là. Autant que j’en fasse quelque chose, non ? »