Entrepreneuriat : elles s’affirment !
- Nadia Aftis est créatrice de la marque de pâtes à tartiner « Tartine et moi » labellisée In Seine-Saint-Denis.
- Une entrepreneuse aux multiples facettes car au-delà de la création de sa marque, elle est aussi active dans le milieu associatif de sa ville, Épinay-sur-Seine, et mère.
- Elle a répondu présente pour partager son expérience lors de la rencontre « Femmes d'hier et d'aujourd'hui, 2024 où en est-on ? » organisée par l'association Network'in Sevran à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Et si on cassait les codes ?
« Promis, je vais la lire » avait déclaré l’ancien président de la République François Mitterand à Nadia Aftis, lorsque celle-ci, enfant, lui avait adressé une lettre pour lui faire part de la situation précaire dans laquelle elle était avec sa famille. Un mois après l’avoir rencontré, elle parvenait à déménager avec sa famille.
« La première fois que j’ai entrepris, c’était sans le savoir, j’avais 10 ans » souligne-t-elle en racontant sa petite anecdote lors de la rencontre « Femmes d’hier et d’aujourd’hui, 2024, où en est-on ? » organisée par l’association Network’in Sevran, la veille de la Journée internationale des droits des femmes.
Fille de parents algériens, cette entrepreneuse spinassienne suit d’abord un parcours de salariée classique car « c’était dans les codes ». Devenue maman, elle souhaite dès lors mettre en place une solution pour son fils, allergique aux additifs, et c’est là que naît son envie d’entreprendre. Elle lance donc « Tartine et moi », une marque de pâte à tartiner bio et artisanale labellisée In Seine-Saint-Denis, en vente en ligne ainsi qu’en boutique à Épinay-sur-Seine et à Bagnolet.
Créativité, originalité et initiative locale : son projet est retenu sur ces critères par un jury expert de l’innovation et de l’entrepreneuriat pour faire partie des 11 lauréat·e·s de la promotion 2021 du concours d’idées « Go In Seine-Saint-Denis ». L’année d’après, ses créations sont mises à l’honneur au Salon des Agricultrices à Pantin, en partenariat avec le In Seine-Saint-Denis.
Nadia en inspire plus d’une également par ses engagements associatifs, car au-delà de son activité entrepreneuriale, elle donne de son temps pour accompagner les lycéen·ne·s et collégien·ne·s d’Épinay-sur-Seine vers l’entrepreneuriat afin de lutter contre l’échec scolaire. Avec l’association Au cœur d’Épinay, elle agit également en faveur de l’inclusion des enfants en situation de handicap et accompagne les familles précaires par la distribution de colis alimentaires.
Toutes en chœur
Aux côtés de Nadia, de nombreuses femmes entrepreneuses ont répondu à l’appel de l’association Network’In Sevran pour partager leur parcours le 7 mars à la Micro-folie de Sevran.
« Je suis fière d’être une femme en 2024 parce que… Je suis déterminée, libre, pleine d’ambitions, drôle, audacieuse, je m’assume, je suis inter-cultures, je suis volontaire. » Par des mots et des illustrations, les participantes de cette rencontre se sont exprimées pour clamer haut et fort leur fierté d’être ce qu’elles sont aujourd’hui.
Les femmes invitées ont raconté leur histoire, elles aussi avec fierté. Leur mindset : « l’audace ! », car si Youssra, illustratrice et auteure du schéma, explique qu’au-delà de franchir le « périph' », elle franchit les frontières, Sandrine, massothérapeute, ne manque pas de rappeler que s’il n’y a pas de solution, elle la crée et Ines, réalisatrice de court-métrages et de documentaires, explique que si elle a peur de quelque chose, elle le fait.
Quant à Nadia Aftis, elle l’assume : « Je suis un électron libre ! » Cette femme active, qui, grâce à ses engagements, portera la flamme olympique au nom de son association pendant les Jeux de Paris 2024, insiste : « Si vous avez envie, si vous avez cette petite flamme, allez-y ! Vous n’avez plus rien à perdre, soit vous réussissez, soit vous apprenez ».
S’inspirer les unes des autres
Des retours d’expérience, des conseils ou encore des anecdotes… Chaque invitée a pu éclairer d’autres femmes, ce soir-là, sur la manière dont elle a surmonté les freins et difficultés rencontrés en affirmant que ce qui peut être considéré comme un obstacle, tels que la maladie, le handicap, la précarité, peut être une force voire même un levier pour passer à l’action. Nadia évoque quant à elle le syndrome de l’imposteur et le manque de confiance en soi comme principaux obstacles face à la réussite : « Mon principal frein, ça a été moi-même et j’ai dû travailler sur moi. Le plafond de verre, c’est nos propres limites. »
À partir des histoires toutes aussi enrichissantes de chacune, les participant·e·s puisent des idées. C’est le cas d’Anne-Sophie, jeune diplômée sevranaise en recherche d’emploi : « elles sont une source d’inspiration pour moi. J’aime assister à des évènements comme ceux-là pour pouvoir échanger et agrandir mon réseau. Ça me motive de voir qu’elles ont réussi à concrétiser leurs projets et ça me donne aussi des idées. »
Des quiz sur les droits des femmes pour se prêter au jeu ou encore des projections étaient également au programme de la rencontre : de quoi repartir en ayant fait le plein de culture G ou plein·e d’émotions…
Le combat n’est pas terminé
Créée en 2017, l’association Network’in Sevran accompagne les jeunes du territoire à travers 3 axes :
- L’orientation scolaire et professionnelle, en mobilisant, lors de forums découverte des métiers, des professionnel·le·s de secteurs divers et variés
- L’insertion professionnelle, en faisant découvrir aux jeunes les métiers de demain ainsi que des parcours inspirants pour susciter des vocations
- La sensibilisation à l’entrepreneuriat, en aidant les porteur·euse·s de projet à se lancer et en les mettant en relation avec des entrepreneur·euse·s aguerri·e·s
« Je me suis rendue compte qu’on accompagnait les jeunes jusqu’au bac mais pas après » explique Rafika M’Cirdi, la co-fondatrice de l’association. Auparavant bénévole à l’association I.D.E.E.S. à Sevran, membre du réseau des ambassadeur·ice·s In Seine-Saint-Denis, elle accompagnait les collégien·ne·s et lycéen·ne·s vers la réussite scolaire. En lançant Network’In Sevran, qui était au départ un groupe Facebook dédié au réseautage puis qui est devenu une structure associative grâce à son dynamisme, son objectif est de continuer d’accompagner les jeunes après le bac, car c’est aussi là que tout commence.
À l’occasion de la 4e édition de son afterwork autour de l’entrepreneuriat féminin, l’ambition de l’association est également de mettre en lumière des femmes leaders pour inspirer les nouvelles générations mais aussi de faire un état des lieux : « Femmes d’hier et d’aujourd’hui, 2024, où en est-on ? », hier, aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ? Qu’en est-il des filles des nouvelles générations ? Quelles sont leurs aspirations, leurs rêves ou encore leurs craintes ? Inégalités salariales, santé mentale, violences… Pour Rafika « il y a encore plein de combats à mener ».