NOIL : vive la Mob électrique !

L’idée est venue un peu par hasard. En 2018, trois copains d’enfance, bien débrouillards, amoureux des 2 roues, dont un avait un scooter en si mauvais état qu’il en était devenu invendable. « Et si on le passait à l’électrique ? » Et ça marche ! Le projet a suscité l’intérêt sur les réseaux sociaux, et tous les trois ont toujours eu l’envie d’entreprendre. ils  sont complémentaires puisque l’un, Victor Brébant, est avocat, l’autre, Clément Fléau, est diplômé en gestion des entreprises industrielles et le dernier, Raphaël Setbon ingénieur en mécanique. Puisque les planètes sont alignées, ils se lancent et créent NOIL. Le but : transformer les anciens cyclomoteurs en véhicules électriques, opération appelé rétrofit.  Avant même le lancement de la production, des clients potentiels étaient prêts à leur signer un bon de commande. Reste un obstacle : obtenir l’autorisation officielle de faire du rétrofit sur des cyclos, ces derniers ayant été oubliés parmi la liste de véhicules admis. Qu’importe, avec un avocat dans l’équipe et le concours de l’AIRE (Acteurs de l’Industrie du Rétrofit Électrique), les cyclos obtiennent le 13 mars 2020 l’autorisation de passer à l’électrique. « Dès avril 2020, nous avons fait homologuer notre kit de transformation pour Solex, et en juin celui pour les 103 Peugeot, raconte Victor Brébant. Et en juillet nous nous sommes installés dans nos locaux de Montreuil. »

Chez NOIL, il est possible d’acheter un Solex ou une 103 électrique, de venir avec un véhicule et le faire transformer, ou bien acheter le kit et le faire poser par un des 200 installateurs agréés de France. « Nous avons cherché et formé des installateurs partout en France afin d’avoir un réseau de proximité. Nous avons signé un partenariat avec Feu Vert.  Nous avons également une équipe qui se charge de toutes les formalités administratives de changement de carte grise, voire d’établir une carte grise car bien souvent ces 2 roues anciens n’ont jamais été immatriculés. Dans bien des cas nous redonnons vie à des cyclos qui avaient été oubliés des années dans une grange. Il y en a des milliers ainsi qui dorment ! »
On pourrait croire que la clientèle de NOIL est urbaine, plutôt jeune, mais Victor Brébant me corrige : « Nos acheteurs habitent à 80, 90% en zone rurale. Avec 45 à 60 km d’autonomie, 45 km/h, nos cyclos correspondent à leurs besoins. Une mob est rarement utilisée lors de longue distances ! »

Soin du détail et conscience écologique

NOIL conçoit chacun de ses moteurs, apportant un soin particulier à leur apparence. Effectivement, en regardant même de près leur Solex, il est très difficile de distinguer que le moteur d’origine a été remplacé, les détails ont été respectés comme un carburateur plus vrai que nature, les ailettes sur le cylindre et même le fil à bougie ! Quant au 103, mis à part l’absence de pot d’échappement, le moteur électrique a vraiment l’apparence de celui d’origine. « La question environnementale est au cœur de notre projet. Le rétrofit, c’est une démarche citoyenne qui permet d’éviter d’envoyer à la casse un véhicule souvent encore en état de fonctionnement et de lui redonner de la valeur. Et c’est aussi le moyen de lutter contre la pollution atmosphérique en proposant des véhicules propres à faible coût. » Un kit pour Solex ne coûte que 599 €, main d’œuvre d’installation du kit incluse, ou bien un Solex déjà électrifié, immatriculé 2199 €. Moins cher que bien des vélos électriques, et qui roule à 35 km/h sans pédaler !

Depuis les débuts, la gamme s’est élargie : en plus de tous les Solex et des 101, 102, 103, 104, 105 Peugeot, NOIL électrifie désormais des Motobécane, Piaggio Ciao, Vespa PX, et la plupart des scooteurs récents. Et ils projettent d’électrifier des scooters 125 comme le BMW C1, et bien d’autres 2 roues… Victor Brébant annonce fièrement : « En 3 ans, NOIL a électrifié 3 000 véhicules. »

Cyclos vintage ou scooters récents, en 3 ans NOIL a électrifié 3000 véhicules.

En selle !

Alors, comment ça marche ? J’avoue au départ avoir été un peu sceptique. Ayant été dans les années 80 (oui, c’est loin !) un ado en Peugeot 103 SP, un coursier en Mobylette avec gros porte-bagage devant-derrière, pour moi une Mob ne se concevait pas sans son joli panache de fumée bleue et doux ronron du moteur 2 temps. Victor Brébant me confie un Peugeot 103 « rétrofité ». Mis à part la batterie (1,4 kWh) amovible sur le porte-bagage, rien ne le différencie d’un modèle standard. Même commandes, accélérateur, freins, pédales… Contact, plus besoin de pédaler pour démarrer, on tourne la poignée, c’est parti ! L’accélération est franche, le bruit discret, bien plus qu’en version thermique. En fait, on entend le bruit des chaînes, très légèrement le moteur. La position est la même, l’équilibre de la machine est le même et le moteur fait preuve d’une belle capacité à monter sans faiblir les rues en pente de Montreuil. J’ai beau être motard habitué des grosses cylindrées, je retrouve le plaisir de rouler à cyclo, sur un véhicule léger qui tourne dans un mouchoir de poche, se faufile partout, avec une vitesse suffisante en ville… Je reviens avec un grand sourire !

A l’heure où la lutte contre la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique sont incontournables, où le stationnement des véhicules thermiques est payant à Paris, où il n’existe plus de pompes « mélange 2 temps » (essence plus huile) indispensables pour faire rouler une mob, NOIL a tous les arguments pour séduire. D’ailleurs la firme montreuilloise a été contactée par de grands groupes pour développer leur programme d’électrification…

Photos : Nicolas Moulard