Le nouveau système des ALI s’étoffe

Le nouveau système des ALI s’étoffe
Insertion
  • Une nouvelle Agence locale d’insertion a été inaugurée à Clichy-sous-Bois vendredi 16 juin.
  • 638 bénéficiaires du secteur de Clichy-Montfermeil-Coubron y sont suivis, grâce notamment aux compétences en insertion de l’intercommunalité Grand Paris Grand Est.
  • Mis en place par le Département, ce nouveau système des ALI doit permettre un accompagnement renforcé des personnes au RSA.

Stéphane Troussel, président du Département, et Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, se font expliquer le fonctionnement de la nouvelle ALI de Clichy-sous-Bois par Willemine Augier de Moussac, directrice de la cohésion sociale à Grand Paris Grand Est (à g.)

Ce vendredi matin, 7 personnes sont devant des écrans au 2e étage de l’antenne Grand Paris Grand Est de Clichy-sous-Bois. Comme tous les mardi et vendredi, Brigitte Tondelier, formatrice bureautique, est à pied d’œuvre pour donner à des allocataires du RSA les rudiments du numérique. « Beaucoup de démarches – dont une partie de la recherche d’emploi – se font maintenant uniquement sur internet. Hélas, tout le monde n’a pas eu la chance de recevoir le bagage nécessaire. Donc ici, ça leur permet un peu d’acquérir les bases », explique la formatrice.

Installée depuis février au 2e étage de l’antenne de Grand Paris Grand Est – l’une des 4 intercommunalités que compte la Seine-Saint-Denis – la nouvelle Agence Locale d’Insertion (ALI) était inaugurée ce vendredi 16 juin par l’ensemble de ses acteurs, à commencer par le Département, à l’initiative de cette « nouvelle donne de l’insertion ».

« Avec les ALI, nous avons souhaité modifier de fond en comble la politique de l’insertion. La renationalisation du RSA (revenu solidaire d’activité), obtenue il y a un an et demi après des négociations avec le gouvernement, nous a permis de doubler les moyens en termes d’accompagnement des bénéficiaires du RSA. En deux ans, nos crédits annuels alloués à l’insertion vont ainsi passer de 23 à 46 millions d’euros. On ne veut pas seulement faire plus, on veut faire mieux. », insistait ainsi Stéphane Troussel, le président de la Seine-Saint-Denis, accompagné pour l’occasion par Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement, et par les maires des trois villes concernées : Clichy, Montfermeil et Coubron.

Dans cette nouvelle approche de l’insertion, deux choses ont changé : l’investissement consacré, mais aussi « la méthode » qui prend donc la forme de 22 ALI réparties sur le territoire, dont 13 sont déjà opérationnelles.

« On a beaucoup plus de moyens humains et financiers et aussi une palette d’outils plus importante », résumait Willemine Augier de Moussac, directrice de la cohésion sociale à Grand Paris Grand Est, qui pilote donc la nouvelle ALI de Clichy, Montfermeil et Coubron.

Et de donner l’exemple des « diagnostics numérique et linguistique » auxquels ont désormais droit les 638 allocataires suivis jusqu’ici par le nouvel organisme. Autrement dit un bilan en matière de connaissances informatiques et de français qui peut être valorisé lors d’une future embauche. « Dans un département fortement marqué par la fracture numérique, ces rencontres avec les usagers sont aussi une manière de leur redonner confiance et de leur montrer qu’on peut rapidement progresser dans le domaine », soulignait Dov Calvo, fondateur de l’association Action droit formation et services à la personne et intervenant à l’ALI.

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Pour une recherche d’emploi plus efficace, chaque ALI a aussi été construite sur l’expertise de partenaires spécialisés, comme dans le cas de Clichy, le savoir-faire des structures d’insertion C2Di 93, Self Interim et Energie.

« Notre spécificité, c’est qu’on fait de la mise en relation avec des entreprises du territoire sur des contrats longs. L’idée est de considérer chaque allocataire comme porteur de compétences et aussi de travailler auprès des entreprises pour qu’elles arrêtent de chercher le mouton à 5 pattes. », détaille ainsi Stéphanie Poinsot, directrice de C2Di93 qui, en 20 ans d’activité dans le 93, s’est forgé un sacré carnet d’adresses auprès notamment du tissu de PME-TPE.

Des méthodes d’approche validées par Thomas, habitant de Montfermeil et engagé dans un parcours d’insertion comme allocataire du RSA. « L’arrivée de l’ALI est à mon avis plutôt positive. Je constate d’abord une vraie plus-value dans l’écoute accordée aux allocataires et dans l’évaluation de leurs besoins. Ce n’est pas forcément inné dans d’autres organismes… Du fait de la diversité des intervenants, on peut aussi essayer des filières où on ne se serait pas forcément vus au début », témoigne ce jeune homme, qui envisage désormais de mettre à profit ses connaissances en ingénierie du son dans le monde de l’entreprise.

Christophe Lehousse

Photos: ©Sylvain Hitau

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