La Balise, vitrine de l’Economie sociale et solidaire

- Cette ancienne friche de 700 m² a été transformée en lieu d’accueil pour les acteur·ices et artisan·es de l’ESS.
- 21 structures de l'Economie sociale et solidaire viennent d'emménager dans ces deux ex-halles industrielles entièrement rénovées.
- Zoom sur un projet éco-responsable et innovant soutenu par le Département.
« L’ambiance est très feng shui ici, avec les bardages en bois et la cour intérieure qui est un vrai havre de paix… » sourit Adrien Rogissart, directeur des opérations de l’association Halage à quelques mètres d’un bureau en open space où travaille une quarantaine de ses collègues. Non loin de cet espace, de nombreuses structures membres de la coopérative (SCIC) Le PHARES ont quitté il y a quelques mois un bâtiment vétuste situé à 250 mètres de là, à l’Île-Saint-Denis, pour s’installer dans ces nouveaux locaux « cosy » de la Balise rénovée par la coopérative d’architecture Bellastock.
Lors de l’inauguration, des professionnel·les des associations Métropop’, Spherik and Co… ont captivé les visiteur·euses en les conviant dans des espaces de travail agréables, équipés de mini-bibliothèques, de plantes vertes luxuriantes et des lieux de détente. Le Président du Département Stéphane Troussel et le maire de l’Île-Saint-Denis ont visité les locaux.
Un site vitrine du savoir-faire des acteurs de l’éco-construction
En 2021, le projet de réhabilitation du Pôle d’hospitalité des activités à rayonnement écologiques et solidaires (PHARES) est lancé, visant à rénover et surélever un pavillon pour permettre d’accueillir plus tard plus confortablement ses occupant·es. « Avec l’exploitant, nous avons décidé d’acheter un vieil entrepôt d’une ancienne usine de signalétique routière à proximité, qui deviendra plus tard la Balise. Nous avons ensuite engagé des travaux importants en respectant le patrimoine industriel » explique Alexandre Born, directeur général de la foncière Bellevilles. Le Département a subventionné l’initiative à hauteur de 25 000 euros, par le biais d’un appel à projet du In Seine-Saint-Denis, la Région Île-de-France et l’Etat ayant contribué au montage financier.
La coopérative d’architecture Bellastock a développé une approche de réhabilitation du bâti fondée sur la réversibilité, chaque élément étant assemblé pour permettre un futur démontage sans déchet, en faisant aussi appel à des chantiers d’insertion. « L’objectif du diagnostic consistait à cartographier les pathologies de la structure pour prélever des matériaux qui pourraient être réutilisés par la suite, dans un esprit d’économie circulaire « déclare Mathieu Lamour, architecte et coordinateur du projet. « Les entreprises qui ont participé aux travaux ont utilisé des ressources provenant du réemploi, comme les châssis et bardages bois, les cloisons modulaires ou les poteaux des portiques provenant de chantiers environnants ».
Cette approche « chirurgicale » a permis de conserver en l’embellissant la structure métallique des halles, en intégrant à la toiture en bac acier des parties transparentes en polycarbonate apportant une belle luminosité aux espaces de bureaux. Les maîtres d’oeuvre ont intégré ensuite des volumes autonomes dans l’enveloppe existante en rajoutant notamment de faux planchers en bastaings de bois, des menuiseries de réemploi, une rue intérieure entre les deux halles, qui fait penser à un passage couvert…

L’équipe des couturier·ères de l’association Mode Estime était présente lors de l’inauguration de la Balise.
Une dynamique de partenariat entre les structures
Les associations de la coopérative le PHARES et une quinzaine de collectifs d’habitant·es collaborent depuis quelques mois dans les locaux cosy de la Balise, dans un esprit de partage et de gouvernance partagée. « Notre association agit depuis 30 ans pour améliorer les milieux naturels en ville (tiers-lieu Lil’Ô, chantiers d’insertion pour les espaces verts…), en donnant des qualifications à une centaine de personnes éloignées de l’emploi « détaille Adrien Rogissart, directeur des opérations de l’association Halage qui porte le projet. « Nos équipes administratives, des Ressources humaines et du centre de formation/certification ont investi les lieux et nous avons d’excellents retours de nos collaborateurs qui apprécient la fluidité du bâtiment et l’accès à la cour intérieure ombragée où ils peuvent travailler ou faire une pause ».
A proximité, l’atelier de l’association Mode Estime, soutenue par le Département, accueille une vingtaine de personnes en insertion qui produisent des objets textiles à base de tissus upcyclés. Dans le bureau équipé de machines à coudre et de matériel de découpe, Hawa Makalou accompagne les salarié·es dans leur parcours d’intégration socio-professionnelle (démarches administratives, recherche d’emploi durable…). « Nos clients nous apportent des chutes de tissus que nous recyclons en fonction de leurs commandes, comme ici des chasubles de la SNCF utilisées lors des Jeux de Paris 2024 puis transformées en sacs à mains, en bobs et en étuis à lunettes » détaille-t-elle. Les professionnel·es des structures environnantes viennent quelquefois faire raccommoder leurs habits ou leurs accessoires dans cette salle attenante.
Myriam Dauphin, directrice de l’association d’éducation populaire Etudes et chantiers d’Île-de-France, ambassadrice du In Seine-Saint-Denis, fait partie des nouveaux·elles occupant·es. La quinquagénaire, qui pilote des chantiers d’intérêt collectif en lien avec l’environnement, apprécie beaucoup la convivialité des lieux. « Dans la cour, on a des larges bacs hors-sol pour faire pousser des plantes ou des tomates, on entend le gazouillis des oiseaux et des rires de l’aire de jeux pour les enfants qui est juste derrière… » s’enthousiasme-t-elle. « C’est très sympa, cela crée une émulation et nous incite à multiplier les projets en commun entre associations ». Le maître mot de la Balise, situé près du PHARES et dont le nom est un clin d’oeil aux balises lumineuses positionnées sur les cours d’eau, c’est bien la coopération, qui garantit aux voyageur·euses d’arriver à bon port…
Crédit-photo : Bruno Lévy et © Bellastock