Impact 2024, quand les Jeux inspirent des projets sociaux ou économiques
Pour sa 3e édition, le programme Impact 2024 a récompensé 43 lauréats de Seine-Saint-Denis, dont 19 ont même bénéficié d’une subvention supplémentaire accordée par le Département et Paris 2024. Bien-être, éducation, environnement, citoyenneté : nombreux sont les domaines où des acteurs du 93 ont proposé des initiatives sociales s’appuyant sur le sport. Petit tour d’horizon…
S’appuyer sur le sport pour générer de l’emploi, du mieux-être, des avancées sociales… Tel est le credo d’Impact 2024, un programme d’innovation sociale par le sport porté par Paris 2024. Pour sa 3e édition, cette initiative a une nouvelle fois sélectionné un certain nombre de projets dans toute la France, dont 43 étaient proposés par des acteurs de Seine-Saint-Denis.
Mis à l’honneur le 24 novembre lors d’une réception au siège dionysien du Comité d’organisation de Paris 2024, tout ce petit monde s’est retrouvé pour échanger et tenter déjà d’esquisser la suite.
« Surdotation » c’est quoi ?
Parmi les 43 « lauréats » de Seine-Saint-Denis, 19 ont même eu droit à une rallonge budgétaire, née de la volonté commune du Département et de Paris 2024 de mettre en valeur un territoire qui va accueillir l’essentiel des Jeux d’ici deux ans et qui ne saurait être exclu des retombées promises par cet événement. Pour 100 000 euros avancés par le Département, représenté ce jeudi soir par Emmanuel Constant, vice-président en charge des Jeux, Paris 2024 en a donc offert autant, de manière à soutenir des initiatives extrêmement variées : du sport comme levier d’insertion professionnelle au sport comme vecteur d’éducation ou de culture.
La Maison sport-santé à Saint-Denis : le sport, c’est la santé
Le sport, c’est bon pour la santé. C’est l’idée de base qui a guidé la médecin du sport Anne-Louise Avronsart et le coach sportif Lamine Camara dans la mise en place de leur Maison du sport-santé à Saint-Denis. « Des études internationales ont prouvé que l’activité physique améliore l’espérance de vie et est bénéfique pour le corps, et ce même en cas de pathologies chroniques comme des cancers, des diabètes ou d’obésité. En Seine-Saint-Denis, où certains de ces voyants sont au rouge, on s’est donc dit que cette pratique physique adaptée avait particulièrement du sens », résume la docteure Avronsart, à l’initiative de cette association dionysienne dès 2010 avec son ancien collègue Frédéric Courage. Montée grâce aux financements de l’Agence Régionale de Santé, l’initiative a depuis reçu le label national « Maisons sport-santé » et reçoit environ 300 personnes par an. La subvention Impact 2024 permet elle de mettre en place des stages enfants et adultes durant les vacances, de manière à ne pas couper avec une activité physique régulière. « En général, on travaille sur des cycles de 12 semaines avec les usagers : il y a des activités en plein air, en piscine ou dans une gymnase que nous louons au collège Jean-Lurçat. L’objectif est vraiment de remettre en confiance des personnes souvent fragilisées, de les mettre en situation de pratique adaptée et de les accompagner vers une activité physique régulière », détaille le coordinateur des actions de sport-santé Lamine Camara.
La Caravane Héritage en partage, « ensemble on va plus loin »
Le 21 janvier prochain, la Caravane Héritage en partage posera ses tréteaux à Aulnay, avec toujours le même objectif : s’assurer que les Jeux soient une opportunité pour les habitants des quartiers populaires, tout particulièrement en termes d’emploi. « On s’appuie sur le sport, non pas tellement comme pourvoyeur d’emplois, mais surtout comme activité permettant de développer des capacités qu’on peut ensuite transposer en milieu professionnel », souligne Armel Mombouli, président de l’association Vox Populi.
Cette association, originaire de Clichy-sous-Bois, a décidé de s’allier avec d’autres structures du territoire comme le collectif AC Le Feu, Banlieues santé, la Dictée pour tous, et la fédération de double-dutch pour œuvrer dès maintenant aux retombées sociales des Jeux sur le territoire. « Cette coalition, c’est parce que nous croyons à l’adage : « tout seul, on va vite, ensemble on va plus loin. Nous, Vox Populi, on apporte surtout notre savoir-faire en termes d’éducation par la culture et le sport, avec un gros focus sur l’employabilité, qui est le nerf de la guerre », poursuit Armel Mombouli. « Nous avons par exemple organisé récemment un job dating à Saint-Ouen », complète Mamadou, un jeune employé par l’association Vox Populi. « Les Jeux sont une occasion unique, à condition qu’on sache faire de ce moment un outil pour rassembler, mobiliser, s’appuyer sur les talents. On a quand même 80 nationalités en Seine-Saint-Denis : c’est le moment ou jamais de s’appuyer sur cette richesse pour la mettre en valeur… », conclut Mombouli.
Génération Sport Académie Pierrefitte, la boxe pour retrouver confiance
« Pour monter sur un ring, il faut avoir confiance en soi. C’est pour ça que la boxe est un outil intéressant ». Ahlem Yahiaoui, présidente de l’association Génération Sport Académie Pierrefitte mise sur les sport des combats pour relancer des femmes parfois malmenées par la vie. « Avec notre projet « Boxe pour l’excellence », nous visons à redonner confiance à des femmes qui l’ont parfois perdue. Il peut s’agir de femmes victimes de violences, en burn-out ou dans une période critique », explique cette Pierreffitoise combative. Au menu de ce programme : des cours de boxe, de jiu jitsu brésilien ou de self defense, mais aussi des mises en situation sur la recherche d’emploi, « souvent un point noir, notamment en termes d’émancipation, dans la vie de ces femmes. » « On va donc placer celles qui le souhaitent en situation fictive d’entretien d’embauche, avec un retour des autres participantes, mais tout en bienveillance », ponctue la présidente d’un club qui, au passage, avait aussi accueilli en 2021 la finale super-coq du championnat de France de boxe pro féminine.
FKM mobilité, parce que le sport devrait être pour tout le monde
Combien de personnes en situation de handicap souhaitant faire du sport ont renoncé à leur projet pour cause d’absence de transports ? Réponse : un certain nombre. C’est aussi ce dont s’est aperçu Nadia Aftis, une habitante d’Epinay, le jour où un de ses fils en situation de handicap lui a parlé de sa volonté de se mettre au sport. « On avait trouvé un club handisport qui pouvait l’accueillir, mais le problème, c’est qu’il était loin et qu’étant maman de trois enfants, je ne pouvais faire le taxi en permanence. Et là, je me suis aperçue que les Maisons Départementales du handicap accordent certes des bons de transport pour tout ce qui est médical ou scolaire, mais pour le sport ou la culture, rien n’est prévu. », explique celle qui, pour remédier à ce manque, a donc fondé FKM mobilité.
Accompagnée par la structure de formation « Les déterminés » de Paris 2024, cette maman a donc commencé à dessiner les contours de sa jeune entreprise de transport à vocation sociale. « J’ai une flotte de 10 véhicules, mais je souhaiterais maintenant être conventionnée pour que le transport coûte moins cher aux bénéficiaires. Faire se déplacer un chauffeur exprès qui attend ensuite la fin de la séance de sport, ça coûte cher… », détaille celle qui a commencé à nouer des contacts avec les comités handisport des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis. En espérant qu’elle transforme l’essai.
Photos : ©Bruno Lévy