Bassin d’emploi cherche candidats prêts à mouiller le maillot…
- Avec 8 piscines supplémentaires en Seine-Saint-Denis dans la vague des Jeux de 2024, les besoins en maîtres-nageurs vont aller en augmentant.
- Une première marche vers ce métier passe par l'obtention du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique.
- Ce sésame, accessible à partir de 17 ans, permet déjà de surveiller des baignades. Exemple à la piscine de Stains avec de jeunes candidats qui se sont jetés à l'eau.
Sur le bord du grand bassin de la piscine municipale de Stains, Michèle hausse à peine le ton en glissant ses consignes à un duo improvisé « sauveteur-nageuse en détresse » : « Carla, s’il te plait, tu te débats un peu plus et tu lui donnes du fil à retordre. Et, Yanis, une fois qu’elle sera sortie de l’eau, n’oublie pas de mettre ta nageuse en position latérale de sécurité… »
Chose faite quelques énergiques battements de jambes plus tard, une fois Carla sauvée des eaux et revenue sur la terre ferme. Concentré, Yanis, jeune candidat à l’obtention du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA, lire notre encadré) récite alors sa partition d’un sonore « Madame, est-ce que vous m’entendez ? »
Excellente actrice et un peu cabotine, Carla laisse passer quelques secondes, ouvre les yeux et sourit : « Ça va, j’ai bien fait la morte ? »
Durant tout cet hiver, Yanis et Carla, la vingtaine, se sont donnés l’objectif de décrocher le BNSSA, sésame qui leur permettra ensuite de plonger immédiatement dans le monde du travail puisque le titulaire du brevet est autorisé à surveiller des baignades aménagées. Et peut également occuper leposte d’assistant d’un titulaire du titre de maître-nageur-sauveteur.
L’avantage d’un secteur porteur
Financée par la ville de Stains, avec l’appui des crédits de la Politique de la ville, la formation coordonnée par l’association aulnaysienne Sport’Alim est une bonne occasion de « recruter localement, parce qu’on manque de surveillants de baignade, comme de maîtres-nageurs dans les piscines en Ile-de-France, mais aussi un peu partout en France, résume Omar Ikli, le directeur de Sport’Alim. Obtenir le BNSSA peut d’abord être l’occasion d’un job d’appoint pour des jeunes qui se sentent à l’aise avec le milieu aquatique, mais ça peut aussi leur donner des idées pour pourquoi pas devenir maître-nageur par la suite. C’est franchement un secteur qui peut être porteur pour des profils sportifs. »
Avec un terrain d’expression de plus en plus large puisque l’héritage des Jeux de 2024 va léguer 18 nouveaux bassins ( 8 piscines) en Seine-Saint-Denis. De nouveaux lieux modernes comme, par exemple, le Centre aquatique implanté face au Stade de France ou bien la future piscine de Sevran, site d’accueil du bassin olympique démontable des épreuves de natation course de la Défense- Arena à Nanterre. Autant d’équipements qui permettront de booster l’apprentissage de la natation alors que 60 % des enfants entrant en sixième dans le département ne savent pas nager.
Bénévole des Jeux au Centre aquatique de Saint-Denis
Une perspective que n’ignore pas Carla, animatrice en centre de loisirs à Saint- Ouen : « Oui, c’est un secteur qui recrute, c’est pour ça que c’est un diplôme qui est motivant à aller chercher. Mais, pour le moment, c’est encore un peu dur, souffle-t-elle. J’ai nagé en club quand j’étais petite, mais là il faut vraiment que je m’y remette, c’est un sport difficile, la natation ! »
Selon les statistiques du syndicat national des maîtres-nageurs sauveteurs, il manquait, en 2023, plus de 400 maîtres-nageurs en Ile-de-France.
Reste que pour en arriver là, il faut ensuite décrocher le Brevet professionnel jeunesse et sports des activités aquatiques de la natation.
L’étape suivante, peut-être, pour Elodie, Stanoise de 23 ans, actuellement engagée dans un master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, mais plus « trop certaine » de sa vocation d’enseignante. Ce soir de décembre à la piscine de Stains, elle est venue soutenir sa « promo » après avoir obtenu quelques jours plus tôt son BNSSA. De quoi lui donner le sourire : « J’ai toujours adoré la natation, j’en ai fait pendant neuf ans à Saint-Denis quand je pratiquais le pentathlon, alors je me suis dit que passer ce brevet serait une façon sympa d’allier ma passion avec un job. Après, le faire à temps plein en devenant maître-nageuse, ce sera à réfléchir… »
Bénévole l’été prochain pendant les Jeux au sein du Centre aquatique olympique de Saint-Denis, Élodie aura, en tout cas, tout le temps de prolonger sa passion pour les sports aquatiques en y admirant les rois du water-polo ou les funambules du plongeon. Et, après tout, il ne sera jamais trop tard pour se décider. Michèle, 63 ans, la formatrice stanoise du BNSSA, a passé le sien à 48 ans : « A l’époque, j’étais opératrice de saisie et je voulais changer de vie, raconte-t-elle brièvement. J’aime l’eau, je me suis toujours bien sentie dans ce milieu, alors, je m’y suis mise et j’y suis arrivée. La passion fait toujours avancer... »
Crédit photos : Bruno Levy