Un collège qui réinvente l’art des jardins
- Soutenu dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt du Département, le collège Évariste-Galois de Sevran a également bénéficié de la réhabilitation d’une serre permettant aux élèves de SEGPA de découvrir les métiers de l’horticulture.
- Ce projet, inauguré le 1er juin, vise à réaliser une pépinière de quartier entretenue par les collégien·ne·s puis, à compter de 2024, à ouvrir la cour jardinée aux habitant·e·s en dehors des périodes scolaires.
Les jeunes Awa, Yanis, Oumou… ont su faire preuve d’une certaine résilience devant le principal de l’établissement, leurs professeur·e·s, le vice-président Belaïde Bedreddine en charge de l’écologie urbaine et Élodie Girardet, conseillère départementale déléguée au Projet éducatif… En effet, malgré l’acte de vandalisme qui a touché leur collège le 26 mai, les adolescent∙e∙s scolarisé∙e∙s en classes SEGPA ont présenté avec fierté leur carré potager et autres cultures sous serre à leurs camarades, aux élu∙e∙s ainsi qu’à Stéphane Blanchet, le maire de Sevran venu les encourager.
« Serez-vous capable de reconnaître nos espèces issues des cucurbitacées ? » questionne Johan, 16 ans, amusé par les hésitations des participant∙e∙s venu∙e∙s découvrir leurs stands et participer aux animations bouture ou quizz sur les plantes aromatiques…
Un espace idéal pour pratiquer l’horticulture
« Le Département a financé fin 2022 la remise en état d’une serre pré-existante : rénovation des ouvrants, du système d’irrigation ou des moteurs permettant l’aération du toit… » explique Benjamin Boël, chargé de mission de la Délégation à la Transition Écologique. La collectivité a également lancé un appel à manifestation d’intérêt destiné à faire émerger des projets d’agriculture urbaine dans les espaces verts de plusieurs collèges de Seine-Saint-Denis. Elle a ainsi missionné l’association Instant Culture afin d’accompagner plusieurs classes sur ce projet, à la croisée des politiques publiques du projet éducatif et du développement durable, qui a aussi bénéficié d’un financement du bailleur public Batigère.
Les vingt-cinq élèves de SEGPA bénéficient ainsi de plusieurs séances d’une douzaine d’heures assurées par les professionnel·le·s de cette association, en présence de leur professeur d’horticulture. « Nous commençons par un cours en classe d’une vingtaine de minutes sur des thèmes comme le cycle des plantes ou de l’eau, la gestion différenciée… puis on passe très vite à la pratique en faisant du rempotage des semis sous la serre ou en travaillant les potagers » annoncent Rémy Martinez, fondateur d’Instant Culture et Pierre Sicard, co-fondateur et animateur en agriculture urbaine, qui devraient continuer le projet encore quelques années.
Emballé∙e∙s par les aspects concrets et valorisants du projet, les élèves ont eu la satisfaction de faire pousser une grande variété de fleurs : bégonias, glycines, géraniums, oeillets nains… et de légumes comme des courgettes, poireaux, blettes, navets, tomates cerises… « En fait, il suffit de planter des graines dans la terre avec du terreau en veillant à ce que certaines fleurs ne soient pas placées à côté » indique Frantzy, 15 ans. « Puis, les plantes, c’est comme les hommes, en leur donnant de l’amour et de l’attention, elles grandissent bien ! ».
Un parcours qui valorise l’enseignement professionnel
Les collégien∙ne∙s de SEGPA bénéficiant de cet accompagnement suivent une initiation pré-professionnelle dans les domaines de l’horticulture et de la cuisine, tout en continuant les enseignements généralistes. Tous∙te∙s déclarent adorer cette expérience qui fait le lien entre « la graine et l’assiette » et met en avant leur engagement devant leurs camarades du collège et de l’extérieur.
« Certains d’entre eux sont complexés par le fait d’être en SEGPA et n’assument pas d’être orientés vers des filières plutôt manuelles » explique le professeur d’horticulture Camille Mathiou. « Le fait d’ouvrir la cour jardinée aux autres élèves casse ces préjugés et créé une grande fierté de leur travail qu’ils peuvent présenter à tous ». Par ailleurs, les fruits et les légumes produits sont cuisinés dans le cadre des cours liés à l’alimentation ou distribués aux parents d’élèves ou lors de maraudes sociales.
Les élèves et le personnel du collège Évariste-Galois profitent également d’une cour Oasis à proximité et d’un ensemble d’initiatives : installation de ruchers, animations oiseaux réalisées par les éco-délégué∙e∙s… « Nous allons organiser avec notre éco-club des ateliers jardinage réunissant l’ensemble des élèves et peut-être bientôt des classes élémentaires » affirme le principal Emmanuel Campos, qui bouillonne de projets. « À terme, notre parvis devrait être équipé de bacs hors-sol où nos élèves pourront cultiver, j’ai aussi l’espoir de transformer un patio arboré en friche en espace vert en semi-autonomie pour les élèves au centre de l’établissement… ».
Et comme la transversalité et le décloisonnement semblent être les maîtres-mots de la structure, la cour jardinée du collège sera ouverte à compter de 2024 aux habitant∙e∙s des alentours en dehors du temps scolaire. Une façon de les initier aux joies de l’agriculture et de leur montrer que les collégien∙ne∙s peuvent réenchanter leur cadre de vie.