« Nettoyer le canal de ses déchets flottants »

« Nettoyer le canal de ses déchets flottants »
Développement durable
  • L'association Au fil de l'eau s'est équipée fin 2023 d'un bateau collecteur de déchets, l'Ancistrus, subventionné par la Seine-Saint-Denis.
  • Depuis le 23 juin, une quarantaine de salarié·e·s en insertion ont récolté plus d'une tonne de déchets entre le Stade de France et l'embouchure de la Seine.
  • La directrice adjointe Chloé Dailly nous parle de ce projet en parallèle des Jeux de Paris 2024.

Votre association a obtenu un marché pour le nettoyage d’une partie du canal Saint-Denis. Quelles sont vos missions précisément ?

Notre structure a été recrutée pour une opération de collecte des déchets du 23 juin jusqu’au 30 septembre le long des biefs 5 et 6 du canal Saint-Denis, correspondant au tronçon allant du Stade de France à l’embouchure du fleuve. Cette opération, qui se fait de 9h à 17h, 7 jours sur 7, nécessite une équipe tournante de trois personnes pour nettoyer le canal de tous ses objets flottant (bouteilles, emballages divers…) mais aussi des hydrocarbures restant au fil de l’eau.
Pour ce faire, le bateau l’Ancistrus aspire l’eau, la filtre dans ses grilles et rejette les déchets et les fluides grâce à un système à double-flux qui évacue l’eau claire et stocke les nappes d’huile. Cet engin, qui dispose d’une faucardeuse retirant les espèces végétales invasives, peut se frotter à la berge pour récupérer les déchets et les détecter jusqu’à 5 mètres de profondeur grâce à un radar. Avec sa taille de 9 mètres, il permet un nettoyage très fin des recoins du canal, qui peut être accompagné de l’emploi d’épuisettes.
En luttant contre la pollution, notre association permet aussi à une cinquantaine de salariés éloignés de l’emploi, quelquefois bénéficiaires du RSA, d’acquérir de nouvelles compétences par le biais de chantiers d’insertion dans l’optique de rebondir vers un emploi durable. Formés aux techniques d’assainissement et de tri des déchets aquatiques, entre 70 et 80% des personnes accompagnées, habitant souvent en Seine-Saint-Denis, trouvent une formation ou un emploi dans les 6 mois suivant la fin de leur contrat.

 Le travail de l’Ancistrus a-t-il été impacté par la fréquentation des abords du Stade de France lors des Jeux de Paris 2024 ? 

Nous avons été agréablement surpris par l’esprit civique des touristes et des habitants qui n’ont visiblement pas profité de cet événement mondial pour prendre leurs aises et polluer. Lors de la première semaine de juillet, le canal Saint-Denis était effectivement très sale puisqu’il n’avait pas été nettoyé depuis longtemps.  Nous avons ainsi collecté plus d’une tonne de déchets incluant des bouteilles plastiques, des emballages et restes alimentaires, des gros encombrants, de l’électroménager…
Les flux se sont équilibrés après le 26 juillet, date du début des JOP, oscillant de façon aléatoire dans une fourchette de 72 à 125 kilos par semaine. Nous avons ramassé des objets aussi inattendus que des trottinettes, des bouts de grillage ou des rebuts plus classiques comme des canettes de soda, des emballages de kebab…

 

Les déchets sont aspirés par les deux bras mécanisés à l’avant du bateau puis collectés dans un casier intérieur. Ils sont ensuite vidés dans des bacs situés sur la berge puis récupérés par notre partenaire l’entreprise Fayolle. Une partie de ces détritus est recyclée comme le métal, les bouteilles en verre, les bouchons, certains plastiques… contrairement aux emballages souillés (cartons, papiers divers..). Certains résidus comme des mégots ou des chewing-gums mettent entre deux et cinq ans à se décomposer et libèrent des substances toxiques pour la nature, rejetées ensuite dans les mers. Nous en avons assez peu trouvé, ce qui montre que la sensibilisation auprès du public s’est révélée efficace même si le combat doit continuer.

Cette initiative va-t-elle contribuer à la baignabilité de la Seine ou plus tard du canal Saint-Denis ? 

Nous espérons apporter notre pierre à l’édifice mais cet objectif est à la croisée d’enjeux extrêmement vastes impliquant des stations d’épuration, des bassins d’orage, des bâtiments publics mis aux normes… Après les Jeux olympiques et paralympiques, notre bateau pourra continuer à oeuvrer pour la propreté de la Seine et de la Marne dans le cadre de nouveaux appels d’offres.

Nous espérons convaincre nos partenaires institutionnels que notre bateau nettoyeur, fin et agile, peut s’inscrire dans la durée dans une complémentarité avec les trois engins de la Mairie de Paris, qui aspirent une plus grande quantité de déchets mais n’ont pas accès aux recoins ou des endroits plus reculés comme l’Ancistrus.
Par ailleurs, nos équipes sont très réactives et peuvent intervenir dans les 72 heures, ce qui est un avantage pour nos clients. L’enjeu de la qualité de l’eau dans les espaces naturels (fleuves, lacs…) devient un sujet au coeur des préoccupations sociétales et donc de plus en plus prégnant pour l’Etat, les collectivités territoriales… C’est aussi pour elles une façon de faire coup double : en s’appuyant sur nos innovations technologiques, elles concilient la sauvegarde de leur environnement en favorisant l’insertion professionnelle des habitants éloignés de l’emploi et désireux de se reconvertir.

 

Le canal Saint-Denis est souvent le lieu de manifestations sportives ou culturelles, comme la fête nautique de l’Odyssée avec ses parades, ses courses, ses guinguettes…

Crédit-photo : Sylvain Hitau et Bruno Lévy

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