Les araignées injustement mal-aimées?

Les araignées injustement mal-aimées?
Parc du Sausset
  • Du 16 avril au 30 juin, le parc départemental du Sausset propose un cycle ludique et pédagogique sur les araignées.
  • L’aranéologue Christine Rollard sera présente pour une visite guidée de l’exposition Au fil des araignées et un atelier pour mieux les comprendre.
  • En avant-première, celle qui est surnommée Spiderwoman nous déconstruit quelques idées reçues.
Pourquoi les araignées font-elles si peur ?

Les araignées font peur surtout en France et en Europe mais ce n’est pas le cas en Asie, en Afrique ou en Amérique où elles sont simplement des animaux parmi d’autres. En Afrique noire, on s’en sert pour des sortes de divinations. Dans certaines régions d’Asie, elles sont des symboles de chance. On les retrouve aussi dans les peintures aborigènes.

D’où vient cette peur alors ?

On ne sait pas exactement. Dans la bible ou chez Aristote, elles ont une image assez négative. Une des raisons est sans doute que nous avons plus vite coupé les liens avec la nature. Beaucoup d’histoires, de films, de médias entretiennent aussi cette peur. L’an dernier par exemple, deux Italiens ont été annoncés morts des suites d’une morsure d’araignée mais c’était faux. Enfin, il y a beaucoup de méconnaissance car nous ne sommes pas très nombreux à travailler sur ce groupe zoologique.

Leur dangerosité n’est pas réelle ?

Il y a beaucoup d’idées reçues. On parle par exemple de nécroses que causeraient leurs morsures mais, dans 90 % des cas, elles n’y sont pour rien. Nous ne sommes pas une proie pour les araignées et elles ne peuvent nous mordre qu’à des endroits où la peau est très souple. On dit aussi qu’elles pondraient leurs œufs sous la peau alors que leur morphologie ne le permet pas. Sur les près de 53 000 araignées décrites, aucune n’est mortelle pour l’homme. La quantité de venin injecté n’est pas suffisante en général et les toxines ne sont pas forcément actives sur les humains. On compte seulement entre 0 et 5 décès par an dans le monde, souvent dus à des surinfections.

C’est difficile d’aller contre ces idées reçues ?

Je ne cherche pas à les faire aimer mais simplement à les faire accepter. Les araignées sont présentes sur Terre depuis 300 millions d’années et elles participent à l’équilibre de la planète car elles sont un excellent insecticide naturel : l’ensemble des espèces ingurgiterait l’équivalent de la masse humaine en insectes par an. Et il faut aussi se mettre à leur véritable échelle : la plupart ont un corps de 5 mm. Même les mygales ont pour la plupart un corps de seulement 2 cm. C’est aussi un monde soyeux car les araignées sont recouvertes de soies, de véritables organes sensoriels sur leurs pattes.

L’exposition montre des espaces étonnantes, comme des araignées aquatiques…

Une espèce est aquatique, l’argyronète. Elle respire avec des poumons mais s’aménage une cloche d’air dans la végétation qui lui permet de vivre sous l’eau. D’autres espèces sont semi-aquatiques : leur reproduction se fait à terre mais elles se déplacent et se nourrissent dans l’eau, en plongeant pour attraper leurs proies. Souvent, les gens focalisent sur celles qu’on voit le plus, en particulier dans nos habitations mais il y a une diversité insoupçonnée et, quand on leur montre, la plupart des gens disent qu’ils ne se l’imaginaient pas du tout.

Photo en une : © A. Canard – Espace des sciences et le Muséum national d’histoire naturelle de Paris
Portrait de Christine Rollard : © Agnès Iatzoura – Muséum national d’histoire naturelle de Paris
Retrouvez toutes les informations sur le cycle araignées du parc dans l'agenda

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