T1 : les travaux avancent et transforment la ville
- Au fur et à mesure de son prolongement de Bobigny vers Fontenay-sous-Bois, le chantier du tramway T1 fait oublier l’A186.
- À la place, le Département installe à Montreuil une avenue paysagère urbaine avec plus de place pour les circulations douces et les végétaux.
- Reportage.
« C’est la première fois, en Île-de-France au moins, qu’on remplace une autoroute urbaine par un tramway, des pistes cyclables… » explique Louis Kientz, responsable d’opérations à la direction de la voirie et des déplacements du Département. Et cela va tout changer ! Petit retour en arrière : en 1970, pleine époque du tout voiture, on construit l’A186, qui devait relier l’A3 à l’A86 au niveau de Val-de-Fontenay. Deux voies dans un sens, deux voies dans l’autre, les voitures et camions y avaient leurs aises. Seulement cette autoroute n’a jamais été achevée ! Restait juste une barrière infranchissable pour les piétons et les vélos, qui isolait le nord de Montreuil du reste de la ville. Cet obstacle est sur le point de disparaître, au profit d’une avenue paysagère qui redonnera du lien à la ville et aux habitant·es.
Partage de l’espace public
Alors que la plupart du temps, l’espace en ville est contraint de faire cohabiter les différents modes de transport, à cette époque l’espace ne manquait pas : l’emprise de l’autoroute pouvait parfois atteindre les 100 m de large ! De quoi prévoir aujourd’hui une belle avenue répondant aux goûts et aux besoins du jour, sur 35 m de large, et rendre le reste aux villes de Montreuil et de Romainville pour qu’elles l’aménagent.
Cette nouvelle avenue comportera bien sûr les deux voies du tramway, recouvertes de gazon, deux voies de circulation automobile pour desservir les riverains, de larges trottoirs avec du mobilier urbain pour s’asseoir, se reposer, et une piste cyclable bidirectionnelle. Et quelle piste cyclable ! « Ce sera la plus large du département, détaille Louis Kientz. Elle mesurera 3 m 80, deux vélos cargos pourront s’y croiser sans problème et en toute sécurité. Nous aurions pu voir encore plus large, mais alors il aurait été possible que les automobilistes l’utilisent. Pour prévenir ce risque, nous allons installer des potelets (petits poteaux) dans les endroits sensibles. » Dernier raffinement, le béton utilisé pour recouvrir cette piste cyclable sera poreux et adapté aux pneus des vélos. Ainsi, pas de risque d’eau qui stagne, de perte d’adhérence, et l’eau s’infiltrera facilement.

Le Département est chargé de l’aménagement de la voirie sur le tronçon du prolongement du T1 vers Fontenaysous-Bois. Il y consacre 250 M€.
De la place pour tous les modes de transport
Les piétons aussi sont gâtés : de chaque côté de l’avenue, leurs trottoirs seront recouverts d’un enrobé clair, pour repousser la chaleur estivale. De nombreux arbres seront plantés tout le long du parcours, pour mieux respirer et pour profiter de leur ombre. Il aura malheureusement fallu en abattre certains pour la mise en oeuvre de ce projet. Mais si l’on compte toutes les nouvelles plantations, cette avenue comptera 500 arbres de plus qu’auparavant.
Un chantier complexe
Un chantier d’une telle ampleur ne va pas sans quelques surprises, sans quelques retards : « Nous avons découvert que certains terrains étaient très instables raconte Louis Kientz. Il y avait des cavités importantes. Il nous a fallu les combler avec du béton, ce qui a retardé le chantier de plus de 6 mois. Parfois, les riverains ne comprenaient pas pourquoi les travaux étaient arrêtés, sans cause immédiatement visible. Mais il suffit d’un problème rencontré par l’un des concessionnaires (eau, gaz, électricité) pour retarder l’ensemble du chantier. » Les derniers secteurs devraient être finis courant 2026. Le Département aura investi 250 millions d’euros dans ce projet. Mais pour Louis Kientz « c’est l’exemple de la façon dont le Département entend transformer l’espace urbain. » Au lieu d’un espace goudronné totalement dédié à la voiture, un lieu de vie privilégiant les modes de transport les moins polluants, accessibles à tous·tes et adaptés au changement climatique.

| PHOTOGRAPHIES N. MOULARD / E. GARAULT / C. GERMONTÉ