Vincent Macaigne : « Un artiste n’est pas là pour penser la société »
- Vincent Macaigne met en scène Richard III, ce personnage, entouré de congénères calculateurs, obnubilé par le pouvoir et enfermé dans sa bulle.
- Du théâtre en forme d’apocalypse joyeuse à retrouver jusqu'au 15 octobre à la MC93 à Bobigny.
Avec Avant la terreur, vous montez Richard III. Que cherchez- vous dans Shakespeare ?
La démesure, le chaos et finalement les rapports intimes dégénérés, une sorte d’ADN de l’Occident, de sa barbarie, une sorte d’histoire du sang. Ce n’est pas la violence qui est au centre de mon travail mais la bouffonnerie de l’être humain qui produit de la vio- lence. La bêtise, l’idiotie, une sorte de naïveté mêlée à des erreurs gravissimes qui crée de la tragédie.
Vous êtes d’origine iranienne, une société marquée aussi par la violence…
Ma famille a été en effet meurtrie par le gouvernement, par des injustices. Beaucoup de gens dans ma famille se sont fait assassiner par des gens persuadés de leur vérité. En France, depuis l’enfance, j’ai aussi vécu une sorte de montée d’extrémisme. Le fait d’avoir vécu cela m’a posé question sur les endroits où il y a des glissements de terrain. C’est sûr que c’est constitutif de ma personne.
Vous avez choisi la fiction pour la dénoncer ?
Fondamentalement raconter sa propre histoire, c’est un acte de civilisation. L’acte de fiction, c’est un acte de civilisation. C’est Ovide, Les Métamorphoses, la tragédie grecque. Mais les artistes ne sont pas des sages. C’est la confusion qu’on fait en ce moment. Il y a des savant·e·s, des philosophes, des sociologues qui pensent la société. Un artiste n’est pas là pour penser la société. Il est là pour en faire une écoute, pour générer des questions pas pour donner la vérité.
