« Umami », à la recherche de la 5e saveur

« Umami », à la recherche de la 5e saveur
Spectacle
  • Le 6 février, la comédienne et autrice Sara Jehane Hédef joue « Umami » à la salle Pablo Neruda à Bobigny.
  • Créée après le confinement, cette pièce grinçante, plus amère que douce, prend la cuisine comme métaphore de la vie.
  • Si elle aborde des thèmes durs - les violences conjugales, le désarroi de certains enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance - l’habillage musical et un zeste d’autodérision contribuent à redonner du sourire.

Et si la vie était un grand plat qui nous diffuse ses saveurs ? C’est un peu le fil rouge du spectacle « Umami », conçu par Sara Jehane Hédef et qui sera joué mardi 6 février à la salle Pablo Neruda de Bobigny. Chez cette comédienne et autrice, la cuisine n’est jamais très loin. « Je la prends souvent comme fil directeur car je trouve que n’importe quel sujet peut être abordé autour d’un plat. C’est à la fois un révélateur et un vecteur de transmission », estime l’autrice.

Dans « A ta vie », son spectacle précédent, c’est déjà par les papilles que le passé de la Guerre d’Algérie affleurait à nouveau chez sa grand-mère. Cette fois, Sara Jehane Hédef décline chacune des saveurs fondamentales de la cuisine en y associant une période de sa vie – le sucré de l’enfance, le salé du travail, l’amer de la famille et l’acide des relations amoureuses. Tout en ajoutant à la recette l’Umami, concept culinaire japonais, sorte de 5e élément du goût qui vise à réunir ou sublimer les 4 autres.

Les goûts de la vie

« En japonais, ça veut dire ‘le goût de l’intention’ et j’ai décidé de prendre cette métaphore au sens où on cherche tous notre Umami dans la vie », explique Sara Jehane Hédef. Comble de l’ironie, le personnage principal de la pièce, sorte de double de la comédienne, le cherchera alors qu’elle vient tout juste de perdre le goût, atteinte par le Covid.

De manière plus générale, la pièce, plus amère que douce, nous replonge dans la période du confinement et les nombreuses problématiques qui en auront découlé. Les violences faites aux femmes, qui ont explosé à cette époque, certains enfants de l’Aide sociale à l’Enfance livrés à eux-mêmes… « Umami » balaie tous ces thèmes, en recourant souvent à la chanson. Dans un duo parfois désopilant, parfois déchirant, Elodie Milo – qui accompagne Sara Jehane Hédef à la guitare ou au ukulele – tient lieu de voix intérieure ou de Jiminy Cricket au personnage principal, la guidant à travers le doux et l’amer de la vie. Co-créée par Sternum, la compagnie de la comédienne et le théâtre du Mystère Bouffe du Pré Saint-Gervais, cette pièce assez punk s’entoure aussi d’ateliers en compagnie des habitants que la comédienne animera avec les habitants de Bobigny durant les vacances de février et de Pâques. Un seul conseil : goûtez-y !

– « Umami », le mardi 6 février à 19h30, entrée gratuite.

Christophe Lehousse

Photo: ©Youri Zakovitch

À lire aussi...
En cuisine

« A ta vie ! », la cuisine comme divan

Dans cette pièce douce-amère, la comédienne Sara-Jehane Hedef met en scène les conséquences de la guerre d’Algérie sur certaines vies. En l’occurrence la sienne : minée par les non-dits de son enfance, elle raconte comment c’est finalement la cuisine qui a[...]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *