L’Eclair, du buzz à Epinay
- Ouvert sur le site des anciens laboratoires Eclair, ce nouveau lieu culturel et festif, piloté par Soukmachines, dynamise assurément le centre-ville d’Epinay.
- Tous les vendredis et samedis de juillet et la deuxième quinzaine d'août s’y tiennent des concerts ou des spectacles, la plupart du temps gratuits.
- Mais cet espace de 2 hectares et demi est aussi un lieu de création pour une cinquantaine de résidents, attirés par la proximité avec d’autres artistes.
De la salle de concert posée en plein milieu du parc proviennent des éclats de rire. Aïssa est attablé avec deux amis et en pleine discussion. Voilà deux semaines que ce jeune homme, habitant d’Epinay, a investi un bureau de 15m2 au premier étage de la nef principale de L’Eclair, qui poursuit désormais l’histoire des anciens laboratoires Eclair d’Epinay.
Ici, sur ce site très vaste – 2 hectares et demi – on a fabriqué la pellicule de certains classiques du cinéma français – Les Tontons Flingueurs, mais aussi Léon de Luc Besson ou Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre. Avant que le site ne tombe en désuétude, fermant en 2013.
Racheté par la mairie, il connaît désormais une deuxième jeunesse, investi depuis le 10 juin par le collectif Soukmachines, passé expert dans l’art de faire vivre des friches industrielles. Après la Halle Papin à Pantin, les ateliers Christofle à Saint-Denis ou encore le PréàVie au Pré Saint-Gervais, voici donc le nouveau défi qui se présente à Soukmachines.
Ces as de « l’urbanisme transitoire » courent même plusieurs lièvres à la fois puisqu’ils viennent aussi de s’implanter à Gennevilliers (92) avec pour mission de faire revivre les ancien bureaux de l’opérateur de téléphonie Orange.
« Avec l’Eclair, Soukmachines entre clairement dans une nouvelle dimension », confie son souriant directeur Yoann-Till Dimet, à la fois sur le temps – un contrat d’occupation de 3 ans renouvelables a été signé avec la mairie – et sur l’espace. « Jamais on n’a eu un site aussi vaste ! », s’exclame-t-il en nous faisant faire le tour du propriétaire.
Et en effet, après une place aux platanes qui accueille une guinguette les jours de concerts, il y a encore de l’espace pour deux « bals montés » – « c’est le mot français pour dancings », explique Dimet – un chapiteau et une « auberge d’été », en fait l’ancien self des labos Eclair, resté dans son jus.
250 résidents à terme
Si l’étendue des lieux oblige même de vieux briscards comme Soukmachines à prendre leurs repères, certains fondamentaux restent toutefois inchangés : la volonté d’être ouverts sur la ville, comme en atteste la grande place publique aux murs bariolés qui accueille les visiteurs, et celle d’offrir un lieu de travail à des créateurs locaux.
A L’Eclair, ils sont ainsi 53 professionnel·le·s – artistes, artisans, graphistes – à avoir déjà investi les lieux en échange d’un loyer modique, 13,50 euros du mètre carré. Et leur nombre pourrait passer à terme à 250, vu la surface disponible. « L’idée, en ouvrant le lieu à des résidents, est de répondre à un besoin de certaines professions d’avoir un cadre de travail pas trop loin de chez eux et pas trop coûteux. Et aussi de générer des interactions », abonde encore Yoann-Till Dimet.
Exactement ce que recherchait Emmanuelle Jacquard. On croise cette dramaturge en train de mettre une dernière couche de peinture à son nouveau bureau qui surplombe la grande place publique par laquelle entrent les visiteurs.
« Après 10 ans à travailler depuis chez moi, j’ai commencé à ressentir un certain isolement. Le confinement n’y est certainement pas étranger. Et puis, j’attends aussi de ce lieu de possibles rencontres professionnelles, d’éventuelles collaborations », explique cette habitante de Saint-Denis, ville située à 20 minutes à vélo ou en tram.
Habituée à présenter ses pièces dans le cadre de parcours avec des habitants, la fondatrice de la compagnie « 411 pierres » attend aussi de L’Eclair des opportunités de travailler avec des scolaires ou le quartier alentour. Ce pourrait être le cas de la pièce qu’elle écrit en ce moment avec sa co-scénariste Anissa Kaki : « Le Figuier. Takia et Colette », du nom de leurs deux grands-mères. « Ce lieu nous a en tout cas paru propice pour envisager des projets avec les habitants », poursuit la trentenaire.
Les deux mois d’été seront à coup sûr trépidants: L’Eclair a été adoubé par le Bel Eté solidaire et olympique, programme du Département notamment conçu pour les habitants du territoire qui ne peuvent partir en vacances. La programmation, riche et variée, promet activités sportives, de détente et bien sûr des concerts: le groupe de jazz oriental Sarab, le chanteur camerounais Blick Bassy et la très groovante Old School Funky Family sont notamment au menu en juillet. Ouverts tous les vendredis et samedis, le lieu continuera encore sur ce rythme tout le mois de septembre. Il sera ensuite temps de penser à la fermeture le 15 octobre avant une réouverture au printemps 2024. « On vous promet plein de super surprises pour la rentrée, mais là on n’est qu’au premier étage de la fusée, promet Yoann-Till Dimet. C’est sûr, L’Eclair va illuminer Epinay.
Christophe Lehousse
Photos: ©Bruno Lévy
Retrouvez la programmation complète de L’Eclair : https://leclair-epinay.com/