Elles désirent voter

- Le 29 avril 1945 sont organisées les élections municipales où 12 millions de Françaises sont appelées à voter pour la première fois.
- En Seine-Saint-Denis, les Archives départementales mettent en lumière ce symbole et toutes les luttes qui y ont contribué.
Dès 1901, des propositions de loi en faveur du droit de vote des femmes sont débattues à l’Assemblée. Les associations suffragistes sont soutenues par des centaines de milliers de personnes. Et le climat populaire y est favorable. Mais ceux qui cherchent à protéger le modèle patriarcal établi sont encore nombreux. Leurs arguments: cela va écarter les femmes de leurs obligations domestiques et mettre en danger laIIIe République. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les Allemandes, les Anglaises, les Irlandaises, les Néerlandaises, mais aussi les Canadiennes et les Américaines obtiennent le droit de vote. Les Françaises concourent à l’effort de guerre, travaillent, mais on ne leur reconnaît pas encore le droit de voter, ni même d’être élues. Pourtant à Bobigny et à Saint-Denis, dès 1925, le Parti communiste présente des femmes en position éligible sur ses listes aux élections municipales. La première, Marie Chaix, est une ouvrière brodeuse très impliquée dans la vie locale. Élue en mai1925 au conseil municipal de Saint-Denis, elle devient maire-adjointe chargée des affaires sociales. La deuxième s’appelle Marthe Tesson. Elle est ouvrière métallurgiste au Havre. À la suite des grèves de 1922, elle doit rejoindre la banlieue parisienne pour échapper à la répression patronale. Élue conseillère municipale de Bobigny, elle est deuxième adjointe au maire. Elles siégeront tout de même pendant huit mois, le conseil de préfecture du département de la Seine ayant annulé leur élection et le Conseil d’État l’ayant confirmé en janvier 1926. La Seconde Guerre mondiale voit les femmes entrer en résistance dès les premiers mois de l’Occupation. Arrêtées, torturées, déportées, exécutées par l’occupant, elles payent au prix fort leur engagement. L’article 17 de l’ordonnance du 24 mars 1944 est déposée par le député communiste Ferdinand Grenier: « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Il est voté par 51 voix contre 16 par l’Assemblée consultative provisoire et sera ratifié par le général De Gaulle. «Les appréhensions qui existaient avant la guerre se sont effacées. La menace de déstabilisation des rôles sociaux n’est plus aussi fortement perçue», explique l’historienne Michèle Riot-Sarcey.

Une exposition rendant hommage aux 80 ans du droit de vote des femmes réalisée par les Archives départementales et nationales sera à la disposition des collèges de Seine-Saint-Denis dès le mois de septembre
« A voté ! »
Les premières élections post-Libération seront municipales. Le Parti communiste mène campagne sur la vie quotidienne: ravitaillement, santé, famille… L’objectif : amener les femmes à prendre conscience des enjeux et à voter, elles qui s’inscrivent peu sur les listes électorales. Dans les villes de l’actuelle Seine-Saint-Denis, des femmes issues de milieux populaires, résistantes, sont élues aux élections municipales de 1945. Elles sont à la fois engagées à l’Union des femmes françaises, une association de loi 1901 qui œuvre pour l’avancée des droits des femmes (aujourd’hui Femmes solidaires) et au Parti communiste.
Parmi elles, Pierrette Petitot est un cas d’école. Syndicaliste avant-guerre, résistante, membre du Comité local de Libération, elle est élue conseillère municipale en mai 1945 à Villetaneuse qui n’est alors qu’un gros bourg de la Seine-et-Oise. À la démission du maire quelques mois plus tard, elle est choisie par le conseil municipal pour lui succéder. À 28 ans, elle est une des plus jeunes maires de France. Dans les communes de la Seine, plus industrielles, que sont Pantin, Aubervilliers, La Courneuve, trois femmes deviennent adjointes au maire. À Pantin, c’est Raymonde Couthier, résistante, membre du Comité local de Libération, qui devient première adjointe, une fonction de première importance. À Aubervilliers, Marguerite Lamy-Le Maut, résistante, femme de fusillé, membre du Comité local de Libération, est élue conseillère municipale en avril 1945 et maire-adjointe. À La Courneuve, Renée Lehut, conseillère municipale en 1945, est 4e adjointe. À Saint-Denis, la résistante Simone Troisgros est élue en 1945 sur la liste du Mouvement républicain populaire (MRP). Lors des élections municipales d’avril-mai 1945 en Seine-Saint-Denis, cinq femmes sont élues dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise (actuelle Seine-Saint-Denis). Elles ne représentent sur le territoire national que 3 % des élu·es.
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la commune nouvelle de saint denis découvre une plaque sur MARIE CHAIX le jeudi 15 mai prochain à 18H avant son conseil municipal qui se tiendra dans la salle éponyme .