Trouver son monde en Seine-Saint-Denis

Trouver son monde en Seine-Saint-Denis
art contemporain
  • Avec l’exposition collective « Trouver son monde », la Galerie du 19M réunit à Aubervilliers les jeunes artistes les plus talentueux. Ils nous parlent de transmission, nous disent leur quotidien, leur priorités, leurs combats, leurs colères, leurs souvenirs avec poésie, délicatesse, énergie et élégance.
  • Onze d’entre eux ont un lien avec la Seine-Saint-Denis, qu’ils y soient nés, qu’ils y aient été formés, qu’ils y habitent, ou qu’ils y créent. Ils et elles s’appellent Ismail Alaoui Fdili, Kenia Almaraz Murillo, Emeline Amétis, Amie Barouh, Ismaël Bazri, Maty Biayenda, Nina Jayasuriya, Djiby Kebe, Sarah Makharine, Loick Mfoundou et Rakajoo.
  • Venez découvrir leurs œuvres magnifiées grâce aux savoir-faire des Maisons d’art du 19M. Les brodeurs d’Atelier Montex et de la Maison Lesage, l’atelier de grand flou Paloma, le plumassier Lemarié ou encore le plisseur Atelier Lognon. Une collaboration riche de sens.

Avant d’intégrer l’école Kourtrajmé (Clichy-sous-Bois) Sarah Makharine, 34 ans, fut directrice artistique pendant dix ans dans la production audiovisuelle. Actuellement résidente à POUSH (Aubervilliers), elle propose aux visiteurs du 19 M de contempler la mer dans « The silence of the sea ». A l’image, des plans fixes se succèdent. L’océan, majestueux, tour à tour calme, agité, sous la tempête traversée d’éclairs. Au son : les paroles de jeunes migrants qui prennent la mer et y laissent trop souvent leur vie. « En 11 mois, j’ai vu mourir 7 jeunes de ma génération » ; « je me souviens d’un jeune qui escaladait un grand mur mais il a lâché et s’est éclaté au sol comme une tomate » ; « je dormais au cimetière Sfax avec un autre jeune… Pour se cacher, on a vécu là six mois. » Près de l’écran plat un texte du poète Khalil Gibran « il y a un moment où les mots s’usent. Et le silence commence à raconter ». Une œuvre qui nous parle du silence assourdissant qui entoure les parcours des jeunes migrants qui prennent la mer et y laissent leur vie.

Une œuvre commandée par la fondation Art for Action, rendue possible grâce à l’ONG italienne Emergency.

A l’autre bout de l’exposition, Amie Barouh, 32 ans, née à Tokyo, est diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris et du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Celle qui travaille au Pré-Saint-Gervais a pour le 19 M compilé les films réalisés par son père tout au long de sa vie. Retrouvés après son décès, ces films de famille exposés sur deux écrans à la fois, à la manière d’un diptyque, racontent le quotidien : les enfants qui grandissent, l’intimité, la fratrie, les liens et même « le presque rien ». Contre Chant aborde avec beaucoup d’élégance et de tendresse, le point Aleph, là où se croisent présent, passé, futur mais aussi la question de la transmission et la possibilité qu’en rêve les morts soient bien vivants.

Avec « Un instant », Rakajoo, 39 ans, né à Saint-Denis, diplômé de l’école Kourtrajmé nous offre une scène du quotidien : une maman chez elle avec ses trois enfants. Un moment empreint de sérénité. On devine une toile vierge au sol, plus loin un chevalet. Au premier plan, de dos, un enfant lit une bédé sur son téléphone. Au second plan la maman est assise sur un canapé moelleux. Au 3e plan, deux enfants dessinent, l’un se retourne vers la fenêtre ouverte. « On est sur une narration. Il y a l’idée du hors-champs avec quelque chose qui arrive » explique la médiatrice culturelle. Un masque richement brodé de sequin est suspendu devant cette toile. Ce même masque africain dessiné par l’enfant, porté parfois par Rakajoo qui sert de photo de profil à son compte Instagram. En parallèle de ses peintures à l’acrylique, Rakajoo travaille sur la réalisation d’une série d’animation (Kaname) et d’une bande dessinée (Entre les cordes).

Maty Biayenda, 27 ans, diplômée de l’École nationale des Arts décoratifs de Paris, en résidence à Artagon (Pantin), peint les femmes noires. Son œuvre raconte la sororité. Sa cabane en voile plissé flotte au-dessus du sol, « une house doll » comme il en existe aux Etats-Unis pour accueillir les personnes Queer » n’est constituée que de photos de ses sœurs, amies, idoles, toutes noires. Dans ses peintures, même iconographie, mais vêtues de costumes gris, bleu nuit, rose, jaune, cravatées, accessoirisées (boucle d’oreille, bagues, montre, téléphone, sac à main, miroir…). Maty prépare actuellement sa première exposition personnelle institutionnelle au FRAC de Paris.

Loïck Mfoundou, 27 ans, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Cergy, travaille à Saint-Ouen. Ses collages d’athlètes noirs américains en mouvement, à qui il a enlevé le ballon de basket sont auréolés d’une lumière divine à l’aérographe. « Pour lui, toutes les cultures noires devraient se rencontrer pour une lutte commune. Dans ses peintures, il valorise les corps noirs, les athlètes, avec une lumière comme le faisait Le Caravage. » explique la médiatrice artistique. En parallèle de sa pratique plastique, il met en scène des projets autour de la musique et du hip-hop.

Kenia Almaraz Murillo née en 1994 en Bolivie, diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris est actuellement résidente chez POUSH, (Aubervilliers). Issue d’une famille de tisserand, elle a exposé à la galerie Perrotin, à Londres, à Roubaix. Elle insert dans ses textiles tissés à la main des phares, des clignotants, des pare-chocs, des tickets de Ferrobus andins, des sortes de bus circulant sur rails à travers la Bolivie. Ou encore elle insert toute une épicerie : sel, farine, huile, riz, thé… le tout richement brodé. Un hommage à son pays d’origine.

Ismaël Bazri, 31 ans, diplômé de l’école Kourtrajmé est lauréat des prix Révélations Emerige et ICART. Il trouve son inspiration dans le jeux vidéo auquel il jouait dans son enfance Desert Strike où des soldats américains viennent détruire des villages, des vies, dans le désert d’un pays d’Arabie Saoudite. Dans son installation où des images du jeu alternent avec des images cinéma, des images d’archive, il s’interroge sur l’image qu’on transmet aux enfants par le jeu.

Résident à la fondation Fiminco (Romainville) Ismail Alaoui Fdili, 33 ans, diplômé de l’Institut Supérieur des Arts et du Design de Toulouse, de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Cergy rejoint l’école Kourtrajmé en 2020. Au 19 M, il présente sur un échafaudage des panneaux de béton où se découpe des silhouettes d’ouvriers du bâtiment.

Nina Jayasuriya, 29 ans, diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et lauréate du programme Mennour Emergence est actuellement résidente à Artagon (Pantin). Artiste d’origine srilankaise et espagnole, elle créée en céramique des chaussures : des chaussure catalanes bleues et des tongs à plateforme vernissées marrons, des sandales à scratch immaculées et d’autres à talons un peu fatiguées. Elle crée son propre « espace-temple » où il est nécessaire de déposer ses chaussures avant d’entrer.

Tous ces artistes œuvrant sur le territoire magnifient à la fois leur quotidien et explorent des chemins pour trouver leur propre monde.

Jusqu’au 14 décembre 2025
2 place Skanderbeg, 75019 – M° Front populaire (12)
Du mercredi au vendredi de 11h à 18h30, samedi et dimanche jusqu’à 19h
Entrée libre 

 

Crédit photos : le 19M – Bastienne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *