Yasmine Oughlis : A elle les studios !

Yasmine Oughlis : A elle les studios !
Aubervilliers
  • Yasmine Oughlis a fait sa scolarité à l’école Jules-Vallès d'Aubervilliers puis au collège Jean-Baptiste-Clément à Dugny.
  • Elle qui a vecu ses 25 premières années à Aubervilliers y a été heureuse.
  • Depuis 2020, elle est tous les matins à l’antenne dans la Maison des maternelles, et petite, elle n’aurait jamais imaginé cela.

Ses souvenirs d’enfance rayonnent entre Aubervilliers et Dugny où elle passe ses années collège dans une classe à horaires aménagés pour parfaire piano et solfège. Normando-bretonne par sa maman, prof de musique au conservatoire d’Aubervilliers, kabyle-algérienne par son papa prof de français, ses parents attendent d’elle l’excellence scolaire. Cette dernière la mène au lycée Fénelon à Paris où ses talents de communication lui font choisir des études d’attachée de presse. Elle intègre Universal Music et devient assistante de Florent Pagny avant de rejoindre TF1. Animatrice télé, elle travaille désormais pour La Maison des Maternelles sur France 2 où elle a su s’imposer grâce à son travail et sa pétulance. Son souhait ? « Laisser les portes ouvertes » pour que d’autres jeunes se disent « si on se bouge, on peut réussir ailleurs que dans le quartier ».

Elle nous raconte son enfance, son parcours et ses 3 lieux préférés en Seine-Saint-Denis.

Quels sont vos liens avec Aubervilliers ?

Yasmine Oughlis : J’y ai vécu jusqu’à mes 25 ans. J’y ai été heureuse même si ça n’a pas toujours été simple. On a l’impression, ce qui n’est pas forcément vrai, qu’on a moins de chance que les autres quand on vient de banlieue. Quand je dis que j’ai grandi à Aubervilliers c’est que je n’allais quasiment jamais à Paris pourtant c’était à 20 minutes de la station Opera en métro ligne 7, qu’il fallait aller prendre à Fort d’Aubervilliers ou aux 4 Chemins. Il y avait une espèce de complexe à se dire que « Paris, ce n’était pas pour nous ». Paris c’était loin dans notre tête. Aujourd’hui les choses changent et l’arrivée de la ligne 12 à Mairie d’Aubervilliers est extraordinaire ; ça rend la ville plus attractive. Je suis très heureuse pour les Albertivillarien·ne·s que ce projet ait enfin abouti car il y a eu près de 10 ans de retard. Le théâtre d’Aubervilliers a toujours été un grand lieu de création. Il est aujourd’hui plus accessible pour les Parisien·ne·s qui n’ont plus à prendre la 7, puis un bus pour le rejoindre.

Quel est votre parcours scolaire ?

Yasmine Oughlis : J’ai fait ma scolarité à l’école Jules-Vallès juste à côté de chez moi puis au collège Jean-Baptiste-Clément à Dugny car j’étais en classe à horaires aménagés piano et solfège, en liaison avec le conservatoire d’Aubervilliers. Le fait d’être dans une classe à part, pendant mes 4 années de collège, a sans doute rendu plus facile mon intégration dans un lycée parisien du 6ème arrondissement. Ma vie a changé car j’ai découvert un autre monde à Paris. J’ai aussi grandi à une époque, dans les années 80 et 90, où on ne parlait pas de nos origines, de ce que faisait nos parents. On était tous les un·e·s avec les autres. J’étais très ouverte et je suis arrivée à Fénelon avec cet état d’esprit. Le fait de venir de banlieue a été une curiosité pour mes camarades quelques jours, et puis ce fut terminé, ce n’était plus un sujet. Personne n’était de mon milieu car ils·elles habitaient Boulevard Saint-Germain mais je me suis adaptée tout en assumant mon origine banlieusarde car il fallait que je sois bien dans mes baskets. Pour moi, à cette époque, la réussite passait par Paris.

Aujourd’hui je suis tous les matins à l’antenne sur France 2 et petite je n’aurais jamais imaginé cela. La réalité c’est que j’y suis et qu’on est un certain nombre issu de la diversité à avoir « enfoncé les portes » et on fait en sorte de laisser ces portes ouvertes pour celles et ceux qui arrivent derrière… Mais il faut y aller, il faut se bouger ! Il y a de plus en plus de choses qui se passent en banlieue je trouve. Des festivals, des forums de l’emploi, des aides à la création d’entreprise etc. Par exemple récemment j’ai été dans le jury d’un festival où avec un simple téléphone portable, on peut réaliser un film, présenter sa création et se faire repérer… Cette confiance d’aller frapper aux portes n’est parfois pas donnée par les parents et ce pour plein de raisons, par manque de renseignements, de connaissances, des possibilités qui existent, ou, par une implantation trop récente… Du coup, selon moi, les réseaux sociaux sont des outils très utiles.  Les jeunes peuvent avoir accès à toutes les infos, contacter des personnes en direct par message privé. Ce sont les bons côtés des réseaux sociaux…

Enfant, quels étaient vos modèles ?

Yasmine Oughlis : Malheureusement adolescente je ne connaissais ni Simone Weil ni Gisèle Halimi qui aurait pu m’inspirer… je rêvais en regardant Mariah Carey. Elle venait d’un couple mixte aussi et puis en 1995-96 elle réussissait à faire son trou dans la musique sans père producteur ou mère qui venait de ce milieu. J’ai toujours admiré les personnes qui réussissent dans un domaine qui à la base ne leur était pas destiné.

Et aujourd’hui ?

Yasmine Oughlis : J’admire beaucoup une autrice qui s’appelle Faïza Guène qui vient aussi de Seine-Saint-Denis. J’aime bien l’entendre raconter son parcours. A l’époque quand je travaillais chez Universal c’est Diam’s qui me l’avait fait connaître. J’apprécie aussi beaucoup le travail d’Abdellah Boudour qui organise la Dictée pour tous dans les quartiers. Il arrive à créer des événements festifs autour de la culture en réunissant tous les âges. Ce qui m’inspire ce sont les personnes qui ont réussi à atteindre leurs objectifs à la force du poignet et qui vont « redonner » aux autres après. Et il y a en plein. Regardez Mbappé qui vient de Bondy et qui fait rêver tous les petits garçons de France et surtout des quartiers. Je ne voudrais pas avoir l’air de ne regarder que les gens qui me ressemble car ce n’est pas le cas. En politique je pense à plusieurs femmes qui se sont révélées dernièrement dont Rachel Kéké. J’admire surtout les gens qui réalisent leurs rêves… D’ailleurs mon hymne est la chanson Ma philosophie d’Amel Bent qui a grandi, elle, à La Courneuve. Quand on l’écoute, elle « rebooste » et donne envie de décrocher les étoiles !

Quels sont vos projets ?

Yasmine Oughlis : J’ai toujours plein de projets en cours (rires) ! J’ai commencé à écrire une mini série sur une belle-mère car le sujet me tient à cœur*. Quand j’ai commencé ma « carrière » de belle-mère il y a 13 ans, j’étais toute seule dans mon coin. Depuis que j’en parle publiquement, j’ai reçu énormément de retours de femmes ou jeunes femmes dans cette situation. Grâce aux réseaux sociaux encore, on peut s’entraider et parler de cette place pas toujours simple à gérer comme je l’ai fait récemment dans un podcast. L’intérêt n’était pas de raconter ma vie mais montrer qu’on est nombreuses à vivre cette expérience et qu’on peut y arriver malgré certaines difficultés. D’ailleurs s’il y a un truc que j’ai acquis pendant mon enfance en Seine-Saint-Denis, à l’école puis au collège, c’est de se serrer les coudes et pour moi, il est très important de pouvoir s’entraider…

*Yasmine Oughlis est en couple avec un homme déjà père de 4 enfants avant leur mariage. Depuis, leur famille s’est encore agrandie avec leurs deux fils de 5 et 7 ans.

Propos recueillis par Sandrine Bordet
Crédit photo Sylvia Galmot

 Yasmine Oughlis retrouvera les plateaux en direct à la rentrée pour une nouvelle saison de La Maison des maternelles.

 

Yasmine Oughlis en 3 lieux

Le Parc Georges-Valbon à La Courneuve

Toutes mes sorties familiales avaient lieu là. J’ai appris à faire du vélo, du roller au parc. On promenait le chien au caniparc… Pour aller au collège, on passait tous les matins devant et selon l’heure affichée, je savais si j’arriverais ou non en retard en cours. A la fin de l’adolescence je ne pouvais plus le saquer ce parc tellement j’avais envie de voir autre chose (rires) ! Mais aujourd’hui, à 41 ans, je le sélectionne dans mes 3 lieux préférés.

L’école Jules-Vallès d’Aubervilliers

Évidemment l’école en tant que fille d’un prof de français c’était mon sanctuaire… mon père était là tous les jours à la maison pour les devoirs et, l’école pour lui, c’était sacré ! J’y suis allée du CP à au CM2 et c’est une période heureuse dans ma vie, d’insouciance et de grande fraternité. J’y ai aussi rencontré des enseignants, surtout des enseignantes d’ailleurs, exceptionnel·le·s, comme mes maîtresses de CM1 et CM2. Elles étaient passionnées, aimaient la banlieue je pense et avaient à cœur de transmettre. C’est grâce à ma maîtresse de CM2 que j’ai découvert les comédies musicales et ça a changé ma vie ! Elle a mis de la lumière dans mes yeux…

Le conservatoire d’Aubervilliers

Il a été mon univers pendant plus de 10 ans avec beaucoup de copains, copines. Cela m’a beaucoup cadrée je pense. Pour moi, c’est le lieu le plus important des 3 car je le relie à ma mère qui y était prof, à la musique. A l’époque il était situé juste à côté de mon école donc ma vie se résumait à l’école, le conservatoire et le parc de La Courneuve. Avec mon frère, on avait le droit de sortir dans la rue seulement à l’occasion de la course cycliste Le tour d’Aubervilliers qui était une grande fête populaire dans toute la ville. Finalement je n’ai que des bons souvenirs !

 

Tous les commentaires1

  • Laporte Dominique

    Bravo Yasmine et merci pour la lumière dans les yeux ! Quel parcours !

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