Un théâtre pas comme les autres
- Inspiré du Grand Trianon de Versailles, le théâtre et cinéma du Garde-Chasse des Lilas, est un bijou architectural dont le plafond est classé monument historique.
- Cet édifice exceptionnel accueille des spectacles et des séances de cinéma.
La devise « Liberté, égalité, fraternité », inscrite au fronton de ce bâtiment, évoque davantage une mairie qu’un théâtre. Théâtre, il ne l’est devenu qu’en 1994 et n’a jamais été un Hôtel de Ville. Ce monument somptueux, construit de 1903 à 1908, dans le style de la IIIème République, a été initialement conçu pour être une salle des fêtes de la municipalité.
Tout commence avec l’écrivain Paul de Kock qui vend son grand jardin à un industriel local lequel décide de céder cet espace à la mairie en 1900. Le maire radical-socialiste Eugène Decros imagine alors une composition urbaine mettant en valeur les idéaux républicains incluant une grande salle des fêtes, une école de garçons (Waldeck-Rousseau) et un jardin public ombragé.
« La municipalité lance un concours remporté par l’architecte Léopold Bévière qui s’inspire du Trianon de Versailles avec sa façade percée de grandes portes-fenêtres arrondies et son large escalier de pierre » indique l’archiviste de la Ville des Lilas Julie Vavon.
La salle des fêtes qui fut longtemps la plus grande et la plus majestueuse de toute la région parisienne allait être inaugurée en grandes pompes en 1905, en présence du préfet de Selves.
Une fresque inspirée de l’œuvre de Tiepolo
Deux ans plus tard, le Conseil général de la Seine se penche sur la décoration des plafonds et lance un concours destiné « aux artistes français ». Le peintre Victor Tardieu, récipiendaire du Prix de Rome, est retenu parmi une cinquantaine de candidat∙e∙s et réalise en 1908 une grande fresque illustrant une forme d’âge d’or « au temps de Paul de Kock ».
Décomposée en trois parties, elle rappelle l’art baroque tout en intégrant des éléments de modernité en représentant au fond une guinguette de la ville et au-dessus de la scène une peinture rendant hommage à l’opérette Véronique d’André Messager, inspirée de l’œuvre du librettiste Paul de Kock.
« La partie centrale d’inspiration champêtre, mesurant 25 mètres de long sur 8 mètres de large, retrace l’histoire des Lilas ponctuée par des allégories des Arts, de la Fortune et la Renommée » explique Peggy Chazarain, directrice du Théâtre du Garde-Chasse. « La grande composition du plafond, réalisée sur toiles marouflées met discrètement en valeur des personnalités locales : le maire Eugène Decros tenant à la main des plans de l’édifice, le préfet de Selves, Victor Tardieu, l’architecte Bévière… et des événements ayant marqué l’histoire de la ville ».
Restaurés en 1972 par la mairie, l’ensemble des peintures et les stucs ont été classés à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Ornée de riches décorations (guirlandes sculptées, grisailles intégrées dans des caissons en relief…), cette salle a accueilli nombre de galas, de banquets ou de conférences avant d’être reconvertie en théâtre en 1992, sous l’impulsion du maire Jean-Jack Salles, qui mandatera pour ce faire l’architecte Bertrand Stoll.
Une salle dotée d’équipements ultra-modernes
Dotée de nouveaux fauteuils et de larges rideaux occultants rouges, le théâtre du Garde Chasse bénéficie, d’un gradin rétractable de 308 places monté sur un système de vérins mécaniques. « L’acoustique est très bonne et l’équipement scénique offre des jeux d’éclairage de grande qualité permettant de se produire dans des conditions professionnelles » confie Caroline Ledru, directrice du conservatoire des Lilas qui présente régulièrement des spectacles avec des élèves et des professeur·e·s.
Le hall d’entrée très moderne abrite un ancien projecteur et de nombreuses affiches de films témoignant de l’activité cinéma d’Art et d’Essai du Garde-Chasse.
L’architecte Bertrand Stoll a également aménagé dans les années 90 un espace d’accueil vaste et confortable (espace de restauration…) avec un travail de ferronnerie illustrant une figure de danseuse présent sur la porte d’entrée, le hall, l’escalier et la salle.
Une façon de marquer la présence de la modernité sans s’opposer à un héritage très présent et de faire de cet espace multifonctionnel un lieu agréable et ouvert à tous∙te∙s les habitant∙e∙s.
Renommé en 1992, le nom de ce bâtiment somptueux est un hommage à la marquise de Maintenon, la dernière épouse de Louis XIV, qui habitait sur ces terres et logeait un garde-chasse à l’emplacement du théâtre.
Théâtre du Garde-Chasse
2 avenue Waldeck-Rousseau aux Lilas