Sami Sihali, un aventurier au bout du monde

« Voir le monde de ses propres yeux est mille fois mieux que n’importe quel rêve » disait l’écrivain américain Ray Bradbury. Une philosophie que Sami Sihali – alias Sami le voyageur – a adopté depuis son adolescence, lorsqu’il explorait les alentours de la maison familiale en Algérie. « J’étais passionné par l’émission National Géographic et plus tard, j’ai découvert des vidéos de voyage sur Youtube. Par défi, je demandais à mon frère de me filmer chaque fois qu’on partait en vadrouille dans la nature » confie-t-il. « Fan des films La Momie ou Indiana Jones, j’ai décidé des années plus tard de partir explorer le vaste monde dès que l’occasion se présente. Et franchement, je ne le regrette pas, les voyages apportent une ouverture d’esprit et une compréhension de l’autre que les meilleurs livres ne pourraient pas te donner ». 

Oser sortir de sa zone de confort

Commercial dans le multimédia, Sami a travaillé dans la téléphonie, la manutention, l’habillement… Il s’organise avec son chef pour cumuler ses périodes de vacances et économise sur ses sorties afin de financer sa passion. « Je prépare bien en amont mes trajectoires pour être le plus libre possible sur le terrain et prendre le temps de discuter avec la population », explique celui qui se présente comme extrêmement sociable et désireux de connaître la vie des autochtones.

Depuis trois ans, le Dugnysien monte ses vidéos dans sa chambre d’hôtel qu’il diffuse sur sa chaîne Youtube. Après avoir visité l’Europe, la Thaïlande, le Brésil, il saute le pas et décide d’explorer des pays plus lointains et moins conseillés par les institutions. Dans ses vidéos, le Séquano-Dionysien montre tout, les moments sensationnels, les galères ou les situations dangereuses. Les internautes le suivent ainsi au Bélize, lorsqu’il se fait présenter le quartier par un homme bavard qui se révèle être un membre d’un gang ou juste après une scène de crime.

« Dans des situations risquées, j’essaie de ne pas montrer ma peur et d’être très attentif à mon environnement », poursuit-il. Pendant ses périples, Sami a eu des moments d’angoisse en Afghanistan lorsqu’il est convié manu militari à partager une pastèque avec des Talibans soucieux de connaître leur image internationale. Témoin de la pauvreté endémique ravageant ce pays ou les contrées asiatiques, il tente de convaincre ses abonné∙e∙s occidentaux∙ale∙s d’être plus compréhensif∙ve∙s face à la mendicité d’enfants ou d’adultes qui n’ont pas d’autre choix pour se nourrir.

Amoureux des richesses archéologiques et architecturales du Moyen-Orient (ici à Hérat en Afghanistan), Sami a arpenté les souks, les restaurants, les mosquées, les mausolées…

Partager des bons plans avec les internautes

Sami diffuse régulièrement des vidéos de paysages, des analyses sur la vie quotidienne et des conseils afin de préparer son voyage ou profiter de la gastronomie locale. Attentif aux interrogations de sa communauté, il casse souvent des clichés sur la situation sécuritaire de certaines régions, comme l’Indonésie où la gentillesse de la population l’a touché ou l’Irak doté d’un grand sens de l’hospitalité. Des images d’habitant∙e∙s souvent modestes offrant un repas à notre voyageur ou partageant des discussions politiques donnent une image optimiste de l’humanité, loin des préjugés.

L’attachant explorateur, qui parle anglais et quelques mots d’arabe, a filmé des palais guatémaltèques, des plages africaines, des temples chinois… mais aussi des terrains plus tristes comme les bouddhas de Bâmiyân détruits par les Talibans ou des villes irakiennes bombardées par Daech. « J’ai vécu des choses complètement folles dans des lieux insolites où peu de touristes s’aventurent, ce qui donne le sentiment vertigineux d’être au cœur de l’histoire » confesse-t-il.

Amoureux du cosmopolitisme de la Seine-Saint-Denis, Sami est devenu une petite vedette à Dugny et est quelquefois reconnu par ses 31 000 followers dans les aéroports. « Des gens que je n’aurais jamais imaginé rencontrer me suivent sur les réseaux sociaux comme Raphaël de Casabianca, l’animateur de l’émission Rendez-vous en terre inconnue ou le chef cuisinier Marc Veyrat qui s’intéresse aux cuisines du monde ». 

De retour depuis quelques semaines dans son appartement dugnysien, le baroudeur prépare un prochain voyage en Libye, puis au Soudan et en Afrique subsaharienne. Heureux du soutien que lui apporte sa famille, Sami le voyageur suivra dans les prochains mois les Jeux de Paris 2024, « une belle aventure pour le département et pour ses habitant∙e∙s », déclare-t-il avec le sourire des gens bien déterminés à réaliser leurs rêves. On lui souhaite bon vent et tout le bonheur du monde dans ses pérégrinations.

Les rencontres sont une des plus grandes richesses des voyages et bousculent souvent bien des visions préconçues (ici devant la Porte d’Ishtar dans la Cité intérieure de la ville de Babylone en Irak).