Paroles de moulin

Paroles de moulin
Patrimoine
  • Labellisé Patrimoine d’intérêt régional en 2021, le moulin de Montfermeil accueille des milliers de visiteur·euses petit·es et grand·es.
  • Moulin à tour, moulin du Sempin... cet édifice a souvent changé de nom et d'emploi au fil de son histoire.
  • Portrait du dernier moulin en état de marche en Seine-Saint-Denis.

« Maman, regarde le joli moulin ! » s’exclame la petite Charlotte qui se promène avec sa mère dans le parc Jean-Pierre Jousseaume à l’est de la ville. « Tu crois qu’il fait encore de la farine ? ». Avec ses ailes d’une envergure de 23 mètres et sa tour de 17 mètres en pierres meunières, le moulin du Sempin a fière allure et suscite l’enthousiasme des plus jeunes. Ouvert au public depuis plus de vingt ans, il peut produire jusqu’à 140 tonnes de farine par an, grâce à une association de meuniers bénévoles passionné·es. Il n’en a pas toujours été ainsi dans l’histoire tumultueuse de ce majestueux bâtiment.

Un voyage au temps des moulins d’antan

Construit au XVIIIème siècle par Jean Hyacinthe Hocquart, seigneur de Montfermeil, ce bâtiment est exploité pendant plusieurs dizaines d’années sur un terrain de dix arpents où est également édifiée la maison du meunier. Saisi comme bien national pendant la Révolution, il passe entre plusieurs mains jusqu’à son rachat en 1831 par la famille Hocquart, qui le maintient difficilement en activité.

« Les difficultés de la meunerie ont inspiré Victor Hugo, venu à Montfermeil pour écrire l’un des dialogues des Misérables à l’auberge des Thénardiers » indique une assistante pour le Service Archives-documentation de la ville de Montfermeil.

Après une période de décrépitude, le moulin servira temporairement d’observatoire pour les Prussiens en 1870 puis de forteresse pour des manœuvres. Ce n’est qu’en 1896 qu’il entamera une seconde vie sous le nom de « Moulin de la Galette » avec les rénovations de promoteurs de Franceville et des Coudreaux qui recrépirent la vieille tour et rajouteront des ailes métalliques fixes et un toit immobile débordant.

 

Carte postale du Moulin de la Galette dans les années 1930.

« Les Parisiens et les gens du coin venaient boire un coup et profiter des guinguettes sur les parcelles qui l’entouraient » explique Gilbert Eschylle, président de l’association de Sauvegarde du moulin de Sempin. Les métamorphoses des lotissements et la Première Guerre mondiale finiront par mettre un terme à cette aventure et faire replonger le moulin dans une lente agonie.

Une renaissance grâce à l’engagement des collectivités

 Après avoir servi un temps de logements à des ouvriers nord-africains, le moulin est acquis en 1971 par la municipalité de Montfermeil et l’association de Sauvegarde du moulin de la ville y conduit de longs travaux de restauration, grâce aux aides de la mairie et du Département de la Seine-Saint-Denis. En 1996, pour éviter un effondrement dû aux carrières de gypse, il est démonté pierre par pierre, déplacé de 140 mètres puis remis en état de marche. Il est alors rebaptisé « moulin de Sempin », du nom du quartier de Sempin environnant lors de son inauguration en 1988.

« Les membres de l’association de Sauvegarde du Moulin ont aménagé les trois étages du bâtiment de tous les outillages traditionnels du 19ème siècle en renouant avec la tradition ancestrale » confie avec admiration une agente du Service Archives-documentation de la Ville de Montfermeil. En faisant revivre les gestes d’antan, la centaine de passionné·es qui composent la structure ont renoué avec l’histoire locale, en transformant cet espace en un véritable écomusée et la maison du meunier à proximité en un lieu d’apprentissage sur l’histoire des moulins.

Plusieurs fois par semaine, les adhérent·es de l’association font découvrir le fonctionnement de la meunerie et de ses composantes à chaque étage : le rouet qui transmet le mouvement, la trémie alimentant la meule qui broie le grain, la bluterie qui sépare le son de la farine…

Des visites pédagogiques régulières

« Les enfants comme les adultes sont très curieux et s’intéressent aussi à notre exposition sur le thème du pain, du blé et de son utilisation au cours des siècles » déclare Jean-Pierre Hay, guide et meunier bénévole pour les démonstrations de production de « l’or blanc ».

Les 120 adhérent·es de l’association de Sauvegarde du moulin étant décidemment plein de ressources, ils·elles prévoient d’organiser prochainement des animations pédagogiques au sein du parc Jean-Pierre Jousseaume à proximité, un écrin bucolique déjà équipé d’un pré à l’âne, de vignes, d’un verger, de terrains de pétanques, d’un rucher… On n’attend plus que vous pour « faire tourner, tourner le petit moulin » comme dans la comptine charmante qui a bercé notre enfance.

Moulin du Sempin et Maison du meunier
136 rue des Moulins à Montfermeil
Visites guidées gratuites les dimanches et jours fériés de 15h à 18h du 1er avril au 11 novembre et pour les groupes les lundis, mardis et mercredis toute l’année sur RDV
moulindemontfermeil.com 

 

Crédit-photo : Service Archives-documentation de la ville de Montfermeil et association de Sauvegarde du Moulin de Montfermeil

À lire aussi...
À lire aussi...
Portrait

Juliette Nicot fait des cités un paysage de carte postale

Loin de l’image d’Épinal de la grisaille banlieusarde, dessinateurs , graphistes et photographes ont trouvé en Seine-Saint-Denis une source d’inspiration dans ce paysage en mutation, soucieux de conserver sur toutes sortes de papiers les traces d’un monde bientôt ancien, et[...]
À lire aussi...
Sur la piste

Sur la piste des poudriers

Vous avez un smartphone et une paire de chaussures de marche ? Vous allez pouvoir découvrir la Légende des poudriers, le nouveau jeu de piste immersif et interactif proposé par l’équipe des éco-gardes du Parc forestier de la Poudrerie de[...]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *