Ophélie Neiman, le vin sans chichis

Ophélie Neiman, le vin sans chichis
Portrait
  • Le vin vous complexe ? Vous ne vous sentez pas la science infuse pour parler de ce breuvage ? Il ne faut pas, vous dit Ophélie Neiman.
  • Cette critique de vin, qui écrit pour Le Monde, a gardé une approche très grand public depuis le lancement de son blog « Les tribulations de Miss Glouglou » en 2009.
  • Au Pré Saint-Gervais, où elle est installée depuis 11 ans, elle s’appuie notamment sur les cavistes pour approfondir ses connaissances sur la plus sociale des boissons.

« Dans les années 60, des sommeliers ont pu donner l’impression que le vin, c’était quelque chose de compliqué. Alors qu’en réalité, c’est très convivial. » Ophélie Neiman parle de vin avec passion, précision, mais surtout avec plaisir.

Cette journaliste pétillante a beau travailler maintenant au quotidien Le Monde, elle n’a pas abandonné la ligne directrice qui la guidait dans la rédaction de son blog « Les tribulations de Miss Glouglou », ouvert en 2009 : partager sa passion au plus grand nombre.

« A cette époque, je me suis dit que je voulais parler de vin de manière grand public, non technique. Mon père, qui a toujours été un passionné de vin, m’a transmis la fibre, mais au départ, je ne me retrouvais pas trop dans sa manière très pointue de déguster. J’ai donc décidé de parler de vin à ceux qui n’y connaissaient rien, c’est-à-dire à 90 % des Français», se remémore celle qui a grandi à Metz, à quelques encablures des coteaux mosellans.

Et petit à petit, son blog Miss Glouglou, comme un bon vin, a libéré tous ses arômes. Hébergée sur le site du monde.fr, la publication a rencontré son public, confirmant l’intuition première d’Ophélie que beaucoup de Français voulaient se réconcilier avec le vin. Au point, en 2015, d’être appelée par Le Monde pour y faire cette fois son métier de critique de vin dans les pages du journal ou dans M Le Mag.

« Le vin, c’est d’abord des histoires »

Pas question pour autant pour Miss Glouglou de déroger à sa méthode éprouvée : la passion de la vulgarisation et des rencontres. « Le vin, c’est d’abord des histoires. De gens qui passent un temps fou à produire le vin dont ils ont rêvé, de cavistes qui ont cette curiosité d’aller dénicher des vins un peu partout dans le monde », détaille celle qui, parmi ses rencontres marquantes, cite le vigneron angevin Patrick Baudoin ou les producteurs champenois William Moutardier et Emilien Allouchery.

Mais en Seine-Saint-Denis aussi, Miss Glouglou a fait des rencontres qui valent le coup. D’accord, peut-être pas des vignerons sur cette terre qui n’est plus viticole depuis le Moyen-Âge : « Il vaut mieux une terre un peu pauvre pour faire du bon vin. Or ici, c’était une plaine très fertile donc dès qu’on a pu faire pousser quelque chose de plus productif, on l’a fait. », rappelle celle qui n’a pas encore goûté au vin du Sausset, mais qui salue les initiatives pour lancer des vignobles locaux.

Non, les rencontres en Seine-Saint-Denis pour Ophélie Neiman, ce sont celles des nombreux cavistes qui jalonnent le Pré Saint-Gervais où elle s’est installée en 2013.

Des cavistes de bon conseil

L’Effervescence, le Jaja ou le Lieu du vin à Pantin sont de précieux alliés dans sa mission : elle y trouve toujours de nouveaux breuvages pour étancher sa soif de curiosité. A l’image de Capucine Leneveu, caviste de l’Effervescence chez qui Ophélie Neiman nous a donné rendez-vous pour les besoins de l’interview.

Capucine Leneveu, caviste de l’Effervescence, au Pré Saint-Gervais

« J’aime vraiment la relation aux clients, pouvoir conseiller selon des goûts ou des plats. Ici au Pré, il y a une ambiance village : les liens sont moins impersonnels qu’à Paris, tout en pouvant bénéficier de la proximité des grands salons de vin internationaux », détaille cette agente commerciale qui a décidé d’ouvrir sa boutique en décembre 2021.

C’est ici que Miss Glouglou nous infuse ses savoirs sur la dive bouteille. Comme dans ses articles aussi clairs qu’une Clairette de Die, elle répond à nos questions de néophyte avec pédagogie, sans mépris aucun. Les vins en biodynamie, quezaco ? « Ce sont des vins obtenus avec des méthodes de vinification traditionnelles et sans ajout de soufre. C’est encore différent des vins bio, disons que la biodynamie est encore moins interventionniste ». Le vin orange ? « Il est obtenu en vinifiant du raisin blanc comme si c’était du rouge, c’est-à-dire en conservant la peau, alors que d’ordinaire on presse seulement l’intérieur du raisin. Ces résidus de peaux, c’est ce qui lui donne une teinte plus sombre, orange. »

Et quels conseils l’autrice de « Le vin, c’est pas sorcier » aurait-elle pour ceux qui voudraient se faire plaisir sans ouvrir un crédit à la consommation ? « Pour trouver des vins pas trop chers, mais agréables, mieux vaut éviter les vins très construits, avec beaucoup de travail derrière. » Et de recommander par exemple un Saint-Chinian, du domaine Rimbert, vin du Languedoc « très frais ». Ou le muscadet de Romain Petiteau, fait à Vallet, près de Nantes. Allez, un dernier pour la route : Vincent Fleith à Ingersheim. « J’ai une grande appétence pour l’Alsace, c’est un peu ma patrie », ponctue Miss Glouglou. Et pour la Seine-Saint-Denis !

Christophe Lehousse

Photos: ©Bruno Lévy

– L’Effervescence, 79, rue André Joineau, au Pré Saint-Gervais. Cette cave, ouverte par Capucine Leneveu, propose tous les mois des cours d’oenologie à 40 euros.

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