Matrimoine : la Seine-Saint-Denis « à l’avant-garde »
Égalité
- Avec les premières Assises du Matrimoine du 26 novembre, mais aussi les "femmages " et la féminisation de l'espace public, le Département poursuit son engagement pour l'égalité, dans le monde de la culture notamment.
- SSD.fr fait le point sur ce sujet avec Dominique Dellac, vice-présidente chargée du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique et culturelle.
Le Département de la Seine-Saint-Denis organisait le 26 novembre à Bobigny les premières Assises du Matrimoine en réunissant chercheurs, archivistes, communes, artistes, associations et services du Département. Une journée riche de sens avec des tables-rondes, des ateliers en présence de Dominique Dellac, vice-présidente chargée du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique et culturelle. Elle répond à nos questions.
Le Matrimoine, célébré aujourd’hui, crée un lien. Un lien entre les femmes d’hier et celles d’aujourd’hui.
Pourquoi le Département a-t-il organisé ces premières Assises du matrimoine ?
Le Département avec le service archéologie et patrimoine culturel est extrêmement impliqué dans cette question du matrimoine. La direction des archives également. Ça fait partie de l’identité du Département d’être à l’avant-garde d’un certain nombre de sujet et celui-là en est un d’importance. Avec ces Assises, avec les projets présentés en atelier, avec les engagements des villes, avec les démarches de “femmage” dans nos bâtiments et nos espaces publics, nous continuons à écrire l’histoire d’un département qui ne cesse de se battre pour la justice et pour l’égalité.
On voit davantage de noms de femmes dans l’espace public, notamment en Seine-Saint-Denis. Cette féminisation suffit-elle à faire évoluer la société ?
Parmi les actions politiques menées par le Département, il y a la féminisation des espaces publics en effet. Notre objectif est d’attribuer des noms de femmes à 100 bâtiments départementaux. Aujourd’hui on trouve moins de 10 % de noms de femmes dans les espaces publics. 97 % des stations de métro, 94 % des rues, 84 % des collèges et lycées, 85 % des statues portent des noms d’hommes. Comment croire que c’est sans effet ? Difficile d’avoir de la curiosité, de s’identifier, de se reconnaître quand on ignore jusqu’au nom de ces femmes. Comment croire que cela n’influence pas les rêves, les ambitions, les possibles ? Nous méritons mieux qu’une vision tronquée du monde.
Le mot Matrimoine qu’on commence à entendre, d’où vient-il ?
Le mot matrimoine n’est pas un néologisme. Ce n’est pas une invention militante récente. Le terme existe depuis le Moyen Âge. Ce qui est nouveau, c’est notre volonté collective et publique de lui rendre sa place, sa légitimité, sa force. Il s’agit d’un travail de réparation, de mise à jour d’une réalité invisibilisée. Revaloriser les œuvres des femmes, c’est ouvrir de nouveaux horizons artistiques, renouveler nos programmations, enrichir l’imaginaire commun. Patrimoine et matrimoine ne s’opposent pas : ils se complètent.
Pour vous, est-ce un chemin pour l’égalité femmes/hommes ?
L’égalité ne se décrète pas. Elle se construit et elle se prouve. Elle passe par des lois, des outils de lutte contre le sexisme au travail, contre les violences faites aux femmes, contre toutes les formes d’effacement. Elle passe aussi par un travail de mémoire, de culture, de symbolique. Et oui, nous allons tâcher de reconstituer l’héritage culturel auquel nous avons toutes et tous droit, en cherchant ces traces qui demeurent, persistent au fil du temps. Encore faut-il vouloir les lire, les déchiffrer. Nous devons aussi offrir de nouveaux modèles pour l’avenir, aux enfants, aux jeunes, loin des stéréotypes de genre.
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