Lili, de la nuit à l’aube : un appel à l’art et à l’amitié
En tournée dans sept théâtres du département, la pièce jeune public « Lili, de la nuit à l’aube » célèbre la force de l’amitié et de la créativité pour affronter les difficultés. Une œuvre conçue dans le cadre du Réseau « écriture et création théâtre jeune public en Seine-Saint-Denis ».
Une chambre, deux adolescent∙e∙s, une guitare et un concert qui s’improvise. Dès le lever de rideau, « Lili, de la nuit à l’aube » nous plonge dans le cœur de son sujet : l’amitié et l’art. L’action de cette pièce, écrite pour les 8-12 ans, se déroule en 2026. Héroïne invisible de l’histoire, Lili, 6 ans, refuse de sortir de sa chambre. Sa grande sœur Kat et son meilleur ami Georges vont alors improviser un spectacle autour de son année de naissance, celle du premier confinement. Entre récits et flash-back, les jeunes gens vont retraverser cette période, ses étrangetés, ses inquiétudes, ses élans créatifs aussi, et les liens qui se sont resserrés entre eux.
L’idée de la pièce est venue à Lola Molina, son autrice, de « l’impression que le confinement, qui avait été si marquant, s’échappait très vite, comme un souvenir qu’on voulait effacer ». « Je le comprenais bien mais cela m’interpelait, ajoute-t-elle. Les choses peuvent cependant résonner longtemps après et c’est le rôle de la fiction aussi de retraverser ses moments. » Ce n’est cependant pas tant du confinement dont il est question dans la pièce que de ce qui a permis aux adolescent∙e∙s d’y faire face : leur amitié, la musique et la danse, qui ont été « une échappatoire, un amusement, un plaisir, une source de réflexion ». Et c’est aussi ce qui va permettre à la petite Lili de retrouver le chemin vers l’extérieur.
« Créer des mondes à nous »
Selon les mots de son autrice, la pièce constitue ainsi un véritable « appel à l’art et à l’amitié », « une façon de dire : ne nous enfermons pas, ne restons pas chez nous. Attention à cette impression de confort. Le monde extérieur est riche ». C’est d’ailleurs ce qui a tout de suite plu à la metteuse en scène, Sandrine Nicolas. « Ce qui m’a séduite, avoue-t-elle, c’est la complicité entre Kat et Georges et l’idée que, ensemble, on peut créer des mondes à nous, qui peuvent nous permettre de passer des périodes difficiles. »
Pour les retranscrire sur scène, mais aussi permettre aux spectateurs de comprendre les différentes temporalités de la pièce et d’entrer dans l’univers intérieur de Lili, elle a fait appel à d’autres disciplines comme la musique, du compositeur Théo Girard, et l’animation, avec un film réalisé par Linda Arzouni à partir des dessins de Kimiko Kitamura. Loin de simples accessoires, ces apports créent d’autres dimensions, d’autres espaces. « La musique notamment, défend Sandrine Nicolas, permet de révéler des vibrations qui nous plongent dans l’intimité du texte. Elle apporte une sensation supplémentaire, comme la vidéo. »
Une coproduction porteuse d’une démarche globale
La pièce a vu le jour grâce au Réseau « écriture et création théâtrales jeune public en Seine-Saint-Denis », initié par le Conseil départemental il y a près de 14 ans et qui compte aujourd’hui sept théâtres partenaires. « Le dispositif est né du constat que peu de propositions jeune public existaient. Depuis, tous les deux ou trois ans, un projet d’écriture est soutenu, puis mis en scène l’année suivante et enfin diffusé. Les artistes sont aussi accueillis en résidence une semaine dans chaque théâtre », explique Géraldine Diarra-Pierson, chargée de projet spectacle vivant petite enfance et jeune public au Département. Une démarche globale donc, que Sandrine Nicolas a appréciée. Selon elle, « c’est une grande chance que le réseau offre d’emblée une production, avec sept coproducteurs en plus de la subvention du Département. Le spectacle a aussi une première tournée d’assurer. C’est assez rare et très confortable ».
Des enfants attentifs
« Lili, de la nuit à l’aube » sera ainsi joué 21 fois entre novembre et février, avec 14 dates à destination du public scolaire. Et pour aller au bout des choses, ce dernier bénéficie d’actions de médiation afin de sensibiliser les élèves à l’écriture théâtrale contemporaine, rencontrer les artistes, créer à leur tour ou faciliter la compréhension du spectacle. Au vu du succès rencontré par les premières représentations à Houdremont-Centre culturel (La Courneuve) au début du mois, ce dernier point ne semble cependant pas indispensable. « Les enfants étaient très attentifs et chaleureux. Il y a même eu des rappels, ce qui est assez rare dans les représentations scolaires », raconte avec plaisir Sandrine Nicolas.
Lors d’un bord de plateau, les questions ont aussi fusé, notamment en direction des deux formidables comédien∙ne∙s, Adèle Bachet et Blaise Afonso, sur la façon dont il∙elle avaient appris la musique et la danse. « Cela montre que c’est important pour eux, se réjouit Sandrine Nicolas. Blaise et Adèle leur ont répondu « dans ma chambre ». Les enfants, entendant ça, se disent que c’est à leur portée. » De quoi donner un peu plus de force encore à l’appel à l’art de Lola Molina.
Les dates restantes des représentations publiques :
- Samedi 11 février à 11h au Théâtre et Cinéma Georges Simenon | Rosny-sous-Bois (93)