Le festival Résistance au cinéma fête ses 20 ans

- S’appuyer sur le cinéma pour parler de la Résistance et de la déportation, c’est l’idée depuis 20 ans de l’Association des Amis du Musée de la Résistance nationale.
- La manifestation, qui se déroule cette année du 19 mars au 8 avril, propose 9 films dans 9 cinémas différents du département.
« L’Armée des Ombres », « Berlin été 42 » ou « L’Ombre du commandant », voilà quelques-uns des films qui seront à l’affiche du 20e Festival Résistance au Cinéma qui s’ouvre le 19 mars dans 9 cinémas du département.
« La culture, le cinéma en particulier, ont toujours été un bon vecteur pour faire connaître la Résistance et la Déportation. », explique Sabine Pesier, présidente des Amis du Musée de la Résistance nationale, association organisatrice de la manifestation. « Et à l’heure où la plupart des témoins directs ont disparu, cet outil est encore plus intéressant », poursuit cette professeure d’histoire au collège Solveig-Anspach.
Au départ, le medium choisi par ce groupe d’historiens et de militants était pourtant le livre. « On a rédigé ensemble un livre qui rappelait qui étaient les résistants qui ont donné leur nom à des rues de Seine-Saint-Denis. Une fois qu’il a été publié en 2004, on s’est dit : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Et là, quelqu’un a lancé l’idée d’un festival de ciné. On y est encore », raconte l’ancien journaliste Pierre Gernez, également membre du comité d’organisation du festival.

Lee Miller, femme photographe de guerre interprétée par Kate Winslet.
En 20 ans d’existence, Résistance au cinéma aura vécu des moments marquants ; l’invitation de Claude Mann, l’un des acteurs jouant dans « L’Armée des Ombres », ou encore l’intervention d’une spectatrice âgée au ciné L’Etoile de La Courneuve, qui en marge d’une projection du « Vieux Fusil » racontait avoir vu les fumées de l’incendie criminel d’Oradour-sur-Glane (où les SS auront fait brûler vifs 640 personnes le 10 juin 1944, ndlr).
Un film allemand pour ouvrir le 20e festival
Pour cette 20e édition tous publics, le festival ouvrira avec « Berlin. Eté 42 », un film sur le couple de jeunes résistants allemands Hans et Hilde Coppi. « L’occasion de rappeler que, même si elle fut bien sûr marginale, il y a eu une résistance allemande au nazisme, très violemment réprimée », rappelle Pierre Gernez qui, s’il n’a pas réussi à faire venir le réalisateur Andreas Dresen, a obtenu de lui un beau message diffusé avant la séance.
Parmi les autres moments marquants, il y aura la projection de « Lee Miller », où Kate Winslet interprète la photographe de guerre du même nom, dont les clichés du camp de Dachau en 1945, publiés en partie dans le Vogue américain, auront ébranlé la terre entière.
Cette projection est prévue dans le cadre d’un colloque aux Lilas, le 22 mars, prélude à l’ouverture en 2028 d’un Mémorial national des Femmes en Résistance dans le Fort de Romainville, de sinistre mémoire (voir encadré). C’est là que beaucoup de femmes opposantes à la France de Vichy auront été enfermées avant leur déportation à Auschwitz et Ravensbrück.
Enfin, il ne faudra pas non plus manquer « J’ai dessiné Drancy », de Xavier Pouvreau, un documentaire sur Georges Koiransky, Juif interné pendant 9 mois à Drancy et qui durant cette période d’internement, aura dessiné de nombreux aspects de l’enfermement au sein du camp. Le film, projeté au Mémorial de la Shoah de Drancy, sera suivi d’un débat avec l’historien du patrimoine du Département, Benoît Pouvreau. « Car à chaque fois, nous tenons à ce que les films soient suivis d’un débat ou d’une discussion. Ça nous paraît à la fois le meilleur moyen pour lever certaines incompréhensions et transmettre la mémoire, qui est une mémoire que nous voulons vivante », insiste Thierry Berkover, président des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et fils d’André Berkover, Montreuillois rescapé des camps.
Christophe Lehousse
Retrouvez le programme complet sur : festivallaresistanceaucinema.fr
Aux Lilas, le Mémorial national des Femmes en Résistance est en bonne voie
Annoncé pour 2028, le Mémorial national des Femmes en Résistance et en Déportation prend forme. Le Fort de Romainville, où il doit s’installer, qui était anciennement propriété de l’Armée, va prochainement être acheté par la Ville des Lilas, qui doit le céder au promoteur Cibex.
Pourquoi un Mémorial dédié aux Femmes ? Parce que dans ce fort de sinistre mémoire, plusieurs milliers de femmes résistantes, militantes communistes, gaullistes, ou opposantes à la barbarie nazie y ont été enfermées avant d’être déportées vers les camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz et Ravensbrück. Comme les 31000 – ainsi nommées parce que leur matricule à Auschwitz commençait par 31 : enfermées au Fort de Romainville au cours de l’année 1942, ces femmes furent déportées à Auschwitz le 24 janvier 1943. Leurs noms : Charlotte Delbo, Marie-Claude Vaillant-Couturier ou encore Danielle Casanova. Sur les 230 femmes de leur convoi, seules 49 d’entre revirent des camps.
« Le projet muséographique est quasiment achevé, avec un parcours à travers 7 casemates dont la fameuse casemate 17, où des graffitis de prisonniers et prisonnières ont notamment été conservés », explique Sabine Pesier, professeure d’histoire au collège Solveig-Anspach et par ailleurs co-présidente du projet de mémorial des Femmes en Résistance aux côtés de l’historien Thomas Fontaine, président du Musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne. Le 8 mars prochain, un événement de lancement de ce projet d’envergure doit avoir lieu devant le Fort de Romainville, à 10h30.
CL