Avec leur lecture-performance au collège Lavoisier de Pantin, l’autrice Esmé Planchon et le comédien Maxime Coggio ont écrit la première page du Salon du Livre jeunesse de Seine-Saint-Denis, qui s’ouvre ce mercredi et jusqu’au 5 décembre à Montreuil. Au programme du Salon : 250 auteurs, une grande expo et un thème qui invite au voyage : « Désirs de mondes ».
Oussama, Souha, Kyliann ou encore Muadh, élèves au collège Lavoisier de Pantin, tendent une oreille attentive à la lecture d’Esmé Planchon, accompagnée au piano par le comédien Maxime Coggio. Ce lundi, les deux artistes ont mis en scène le roman de la première, intitulé « Les histoires, ça ne devrait jamais finir ». Les aventures de Lucien, ado un peu mal dans sa peau et tout étonné lorsque son roman-fétiche des « Mondes invisibles » a soudain un impact sur sa vie réelle. Un roman célébrant justement les pouvoirs de la lecture que l’autrice dédicacera ces vendredi et dimanche au 38e salon du Livre jeunesse de Montreuil.
« Les livres, c’est pour tout le monde »
« J’aime bien les romans policiers et il y a un côté enquête dans l’histoire qu’on vient d’entendre, donc ça m’a parlé. Ca me donne envie d’emprunter le roman », assure Aïssa, en 4e. Moi, ce que j’aime c’est les romances, s’exclame Lilla, elle aussi en 4e et que son collège emmènera cette année au Salon du Livre, elle qui est « assistante documentaliste » depuis deux ans. « Ca consiste à aider nos profs documentalistes à ranger les livres et gérer les prêts », explique fièrement la jeune fille, grande amatrice par ailleurs de mangas comme « Spy Family ».
« Je pense qu’il faut transmettre l’idée que les livres, c’est pour tout le monde, pas juste pour un petit nombre. Et pour ça, il faut aller dans les écoles, les collèges, les milieux ruraux, mais surtout il faut proposer quelque chose qui soit de qualité, ne pas se placer en posture surplombante », estimait après coup la romancière Esmé Planchon. Car si la petite fille de Roger Planchon, grand acteur de théâtre des années 70-80, a eu la chance de grandir parmi les livres, elle sait aussi que ce n’est pas le cas de tout le monde.
32 000 scolaires
« Amener les livres à tous, dès le plus jeune âge, c’est le cœur de l’activité du Salon du Livre, soulignait justement Stéphane Troussel, président de la Seine-Saint-Denis qui soutient cette manifestation depuis ses débuts et offrira encore cette année 6 500 chèque-lire à des classes de 6e ou REP+. « Il faut aussi rappeler que le Salon n’est que la partie la plus visible du travail mené par le Centre de promotion du livre jeunesse qui, tout au long de l’année, intervient dans les crèches, les collèges, les services sociaux, mais aussi dans différents lieux publics comme les parcs départementaux », poursuivait Stéphane Troussel.
Du 30 novembre au 5 décembre, l’un des plus grands salons de la littérature jeunesse d’Europe – 150 000 visiteurs sont attendus dont 32 000 scolaires – accueillera une nouvelle fois quelque 2000 auteurs pour des signatures. Des vedettes de la discipline – l’illustrateur Marc Boutavant (Ariol, Chien pourri) par exemple, auquel l’équipe du Salon a cette année décerné la Grande Ourse aux tout petits éditeurs, tous seront une nouvelle fois présents. Avec un thème invitant cette année à la découverte et à l’évasion : « Désirs de mondes ». « En ce moment, ce n’est pas si simple de désirer le monde, surtout pour des jeunes gens, concédait Sylvie Vassallo, la directrice du Salon. On s’est dit que si la littérature n’apportait pas forcément de réponse ou de solution, elle était le bon lieu pour poser des questions. »
Comme d’habitude, une grande exposition réunissant des auteurs de différentes nationalités – les Allemands Atak et Henning Wagenbreth, la Polonaise Joanna Concejo, le Soudanais Salah Elmour, la Suédoise Sara Lundberg et l’Espagnole Júlia Sardà – revisitera aussi ce thème en dessins. Les histoires, ça ne devrait jamais finir. Celle du 38e Salon du livre jeunesse, elle, ne fait que commencer.