Fakele, l’artisan-photographe déambulant à Montreuil
- Fakele a commencé son parcours professionnel dans le social avant de se faire rattraper par sa veine créatrice et bifurquer vers une voie artistique.
- Lui qui a toujours eu du mal à se qualifier comme plasticien se reconnaît aujourd'hui dans le terme d'artisan-photographe.
- Son œuvre photographique pourra être admirée au Théâtre Berthelot à Montreuil lors des Journées Portes Ouvertes des Ateliers d’artistes le 14 et 15 octobre 2023.
Né à Livry-Gargan il y a 33 ans, Fakele qui a grandi en Seine-et-Marne a commencé son parcours professionnel dans le social comme éducateur de jeune enfant avant de se faire rattraper par sa veine créatrice et bifurquer vers une voie artistique.
Sur son temps libre, il réalise des collages analogiques, des découpages dans des livres et recompose des images. Après 5 ans comme travailleur social, il démissionne, puis en 2017, entre en résidence au Flot, un collectif artistique à Ivry-sur-Seine pour y installer son atelier pendant 3 ans (avant de le déplacer au Ventre de la Baleine à Pantin)… Sur place, Fakele découvre que le labo photo argentique est laissé à l’abandon. Il y trouve des plans de films des années 1930 et 1940 et les récupère pour en faire des collages et des créations plastiques sans image appelées chimigrammes.
Fakele expérimente avec la lumière, avec la chimie puis s’intéresse à la prise de vue, en achetant des boitiers argentiques. Le travail avec des contraintes techniques qu’est celui de photographe crée un déclic. Il décide alors de se former professionnellement à la photographie. Son parcours reste atypique car arrivé par le materiau avant la prise de vue, il n’a jamais eu d’appareil photo numérique. Fakele n’aime pas la surconsommation d’images. Quand il se promène, il ne pense pas à faire de photos instantanées. Malgré son jeune âge, il n’apprend la photo que par l’argentique qui a le romantisme de considérer chaque photographie comme importante. Ce qu’il aime, c’est jouer avec les étapes de la photographie, du moment de la prise de vue, au développement (parfois sur plaques de verre) jusqu’au tirage final en pouvant intervenir pendant tout le processus de fabrication, l’intéressant pour lui étant la production de l’image.
Fakele découvre ensuite le procédé de l’afghan box, un appareil mobile qui permet la prise de vue comme le tirage et que l’on peut installer dans la rue pour proposer ou vendre la photo développée après un temps d’attente d’environ 10 minutes. Lui qui a toujours eu du mal à se qualifier de plasticien se reconnaît aujourd’hui aisément dans le terme d’artisan-photographe.
Mars 2020, Fakele est heureux de s’installer dans le quartier de la mairie à Montreuil, pour son vivre-ensemble, le bouillonnement culturel et son tissu associatif. Arrive le confinement. Sur sa terrasse donnant sur la rue, il installe une chambre photographique du début du XX siècle. A cette période où tous les lieux de culture sont fermés, les passant·e·s peuvent entrer et se faire tirer le portrait sans contact. Ils ou elles sont invité·e·s à revenir chercher leur tirage et du lien social se créé dans ce monde momentanément à l’arrêt. 300 personnes reviennent récupérer leur cliché. En 2021, il part dans les rues piétonnes de Montreuil avec son afghan box, et propose ses portraits à prix libre qui créent un engouement là où il pose sa boîte. Au total, sur 2 ans plus de 1000 portraits de Montreuillois·e·s sont capturés. Cette initiative qui n’avait pas vocation à devenir un livre aboutit finalement à deux ouvrages imprimés.
En 2022, son éditeur lui propose un nouveau travail autour de la photographie lente grâce au procédé du sténopé (une boîte avec un trou sans objectif et un très long temps de pose, qui empêche de capter tout mouvement, et donne des rues de Montreuil vides sur les photos). Ce travail prémédité cette fois, permet de réaliser 150 photos englobant toute la commune de Montreuil et livre Montreuil Fantôme, présenté au Festival d’Arles en juillet 2023. Editeur, graphiste, imprimeur, cette œuvre 100% montreuilloise illustre aussi le tissu artisanal exceptionnel qui perdure. Le projet Montreuil Fantôme (Cargolab édition) permet de donner une imagerie nouvelle du territoire et lui donne envie de poursuivre l’aventure avec des villes limitrophes comme Bagnolet ou Fontenay-sous-Bois.
Le travail de Fakele pourra être admiré au Théâtre Berthelot à Montreuil à l’occasion des Journées Portes Ouvertes des Ateliers d’artistes le 14 et 15 octobre de 14h à 20h.
En savoir plus sur www.fakele.com
Crédits photos : Sophie Loubaton, Enzolucia et Fakele.