Thomas Regembal immortalise la transition urbaine
Loin de l’image d’Épinal de la grisaille banlieusarde, dessinateurs , graphistes et photographes ont trouvé en Seine-Saint-Denis une source d’inspiration dans ce paysage en mutation, soucieux de conserver sur toutes sortes de papiers les traces d’un monde bientôt ancien, et celle de l’émergence des paysages de demain. Nous livrant leur interprétation de leur nouvel environnement, ils dessinent une nouvelle image du 93. Elles et ils ont accepté de raconter leur trajectoire géographique, sociale et artistique à Seine-Saint-Denis Le Mag.
Peut-être avez-vous vu passer, sur les réseaux sociaux, la photographie apocalyptique de la tour TDF s’élevant dans un ciel d’encre, zébré d’éclairs… L’auteur chanceux de cette image est un pantinois nommé Thomas Regembal. Le jeune homme a d’abord poursuivi l’ambition d’une carrière dans la recherche, sur l’ADN ancien. Se heurtant à la rareté des bourses de thèses, il a finalement intégré une école de graphisme. Il suit ensuite un parcours classique : stages, embauche à BETC, départ et fondation de sa propre entreprise, puis retour à la case indépendant, un mode d’exercice plus souple pour s’occuper de ses enfants. Des enfants, qui ont aussi provoqué son déménagement à Pantin en 2017. « Je ne connaissais pas très bien le territoire. Issu d’une famille d’architectes, j’ai toujours visité des espaces en reconstruction. Je suis donc sorti me balader, appareil photo à la main, pour me faire ma propre perception, sans rester sur les discours dégradants qu’on peut entendre ça et là », raconte le graphiste. Et là, surprise. « D’abord, les anciennes usines Motobécane, et leur mur jaune et noir, très graphiques. Puis les magasins généraux, les rives du canal, leur murs décrépis mais colorés par les graphes, des murs tout rouillés côtoyant des passerelles modernes, des jungles de verdure incontrôlée, et, derrière elles, des zones résidentielles flambant neuves », expose le photographe, désormais riche de « trésors visuels ».
Ce qui plaît par dessus tout à Thomas Regembal, c’est le rapport entre les anciennes usines et le renouveau architectural, la confrontation entre passé et présent. « Je ne rend pas ça beau. Je trouve ça beau. Je vais chercher les textures des bâtiments, les détails… Avec ma photo de l’anneau d’amarrage de bateau au travers duquel on voit les magasins généraux, je raconte la transition que traverse actuellement Pantin », détaille-t-il. Une fois dans la boîte, il crée un Instagram, « From Pantin with love », pour partager ses œuvres. « On m’a contacté pour faire une exposition dans un restaurant en face de la mairie. Le jour du vernissage, il débordait de monde. J’ai vendu à cette occasion beaucoup de tirages, et j’ai du monter un e-shop pour répondre à la demande », raconte-t-il. L’alliance avec le site « Bonjour les talents », avec qui il partageait des bureaux au Lab93, dans les anciens magasins généraux, lui permet d’élargir son public : son Instagram est désormais suivi par 2400 followers. Fort de ce premier succès, le pantinois renoue actuellement avec ses premières amours, avec un nouveau projet photo consacré aux textures évoquant les tissus cellulaires qu’il examinait, plus jeunes au travers de son microscope. Il cherche un lieu d’exposition…