Juliette Nicot fait des cités un paysage de carte postale
Loin de l’image d’Épinal de la grisaille banlieusarde, dessinateurs , graphistes et photographes ont trouvé en Seine-Saint-Denis une source d’inspiration dans ce paysage en mutation, soucieux de conserver sur toutes sortes de papiers les traces d’un monde bientôt ancien, et celle de l’émergence des paysages de demain. Nous livrant leur interprétation de leur nouvel environnement, ils dessinent une nouvelle image du 93. Elles et ils ont accepté de raconter leur trajectoire géographique, sociale et artistique à Seine-Saint-Denis Le Mag.
Juliette Nicot quitte Paris en 2015, direction Le Pré-Saint-Gervais, où elle a trouvé un logement suffisamment spacieux pour que ses deux enfants puissent s’épanouir. La graphiste s’est cependant rapidement consolée, ravie de trouver dans cette petite ville une vie locale intense. Et un patrimoine dont elle ne soupçonnait pas l’existence. « Les briques rouges, les cités jardins, le patrimoine industriel dans la ville voisine de Pantin … j’ai été charmée », concède la graphiste indépendante. Rapidement, elle se met en tête de créer un blog autour de la ville, et commence à créer des visuels pour l’illustrer. En parallèle, elle découvre la technique de la risographie, qui consiste à superposer plusieurs couches de couleurs. « J’ai aussi fait quelques recherches sur le patrimoine. Je me suis aperçue que dans les années 1970, à chaque fois qu’une cité sortait de terre, elle avait droit à sa carte postale, qu’on pouvait trouver chez les marchands de journaux… », relate la désormais gervaisienne.
En 2018, elle produit quelques exemplaires de ses créations avec l’imprimeur « La martiennerie », et s’inscrit au marché de Noël. « J’ai eu des très bons retours, et j’en ai vendu pas mal. Alors que j’avais été échaudée, en contactant des municipalités pour leur proposer mes visuels, par la lourdeur administrative qu’on m’avait opposé, je me suis rendu compte que j’adorais ce contact direct avec les habitants, le côté artisanal et humain de la vente », raconte Juliette Nicot*.
La boutique les Tatas flingueuses lui en prend quelques-unes pour les vendre, une agence de communication la sollicite pour dessiner leur carte de vœux… Puis le confinement lui laisse le temps de créer un site internet de vente à distance. Cette année, c’est elle qui a été choisie pour illustrer la carte de vœux du Conseil Départemental. « Les gens sont très touchés par le fait qu’on représente leur territoire, qui est habituellement décrié. Une institutrice a affiché le poster de la cité Lénine à Aubervilliers dans sa classe. Sur un marché, elle m’a fait part de la joie qu’avaient les enfants de voir leur lieu d’habitation représenté. Ça m’a fait super plaisir », raconte la graphiste. Cité de l’Abreuvoir à Bobigny, Eglise des quatre chemins à la lisière de Pantin et d’Aubervilliers, Tour TDF… « Je veux rendre beaux des endroits dont l’intérêt esthétique n’est pas évident à la base. Des éléments constitutifs du paysage des habitants du 93, des maisons ni belles, ni moches… Et non m’attacher aux monuments exceptionnels du département », affirme l’artiste, qui exposera cartes postales et risographies du 13 avril au 13 juin au 37 rue Stalingrad, au Pré-Saint-Gervais.
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Je ne connaissais rien de vous mais je suis tombé sur votre tour de la Villette à Aubervilliers. Vous la représentez comme sans doute beaucoup d’habitants aimeraient la voir… Dans un écrin de verdure qui pour l’heure est plutôt un espace à fuir. Souhaitons que votre travail d’artiste soit prémonitoire pour construire un véritable projet dans ce quartier.