Andrea Espier, la couleur des gens

Andrea Espier, la couleur des gens
Littérature jeunesse
  • Cette autrice-illustratrice installée à Saint-Denis vient de publier un album jeunesse chez La Tête Ailleurs, maison d’édition basée dans cette même ville.
  • « Nous, les petits » contemple le monde à hauteur d’enfant, avec poésie et humour.
  • Installée dans la Cité des Rois depuis 3 ans, cette Franco-Espagnole retrouve parfois dans la grande ville la chaleur et la proximité de son village des Pyrénées espagnoles.

Il y a du « Alice au pays des Merveilles » ou du « Chérie, j’ai rétréci les gosses » dans « Nous, les petits ». Ce bel album jeunesse d’Andrea Espier, qui dépeint le monde à hauteur d’enfant, vient de sortir chez La Tête Ailleurs, maison d’édition créée à Saint-Denis en 2018.

La Cité des Rois et du Stade de France est aussi celle dans laquelle cette autrice-illustratrice a élu domicile depuis 3 ans, avec son mari et leur petit garçon. Et d’ailleurs, les allées du marché où le héros du livre d’Andrea s’aventure ressemblent étrangement à celles du marché de Saint-Denis. Peu bavard mais très dynamique, « Nous, les petits » nous plonge dans un tourbillon de couleurs, de sons et de saveurs.

« C’est un des premiers albums que je réalise en couleur. J’ai commencé avec des figures simples, la ligne noire, donc la couleur, c’est moins spontané pour moi », explique la jeune femme, dont c’est le 2e album comme autrice-illustratrice, elle qui a plutôt, l’habitude de mettre en dessin les mots des autres.

Au commencement, il y a eu « Pasajeros » (Passagers), son tout premier album, né d’une inspiration pendant son Erasmus à Paris. « Un jour, en attendant à un abri-bus, j’ai imaginé que les gens brisaient la glace qui règne habituellement dans les transports en commun parisiens. Pour moi, qui viens d’un petit village dans les Pyrénées espagnoles (Castejon de Sos), j’ai été habituée à connaître tout le monde. Alors, j’étais un peu étonnée dans les premiers temps à Paris », raconte celle qui depuis toute petite, aime croquer le monde autour d’elle.

Un autre album en préparation à La Tête Ailleurs

Si c’est Erasmus qui a fait connaître la France à la jeune femme, c’est l’amour qui l’y a fait revenir. Elle et son amoureux français s’établissent d’abord à Bordeaux, où Andrea fait les Beaux-Arts, puis Paris, 18e et enfin Saint-Denis. « J’adore cette ville. Un peu comme dans mon village, les rencontres s’y font facilement, beaucoup plus qu’à Paris », décrit-elle. Et justement, c’est d’une rencontre avec Luna Granada, la fondatrice de La Tête Ailleurs, qu’est né « Nous, les petits » « On s’est rencontrées il y a 4 ans au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil. Le stand de mon éditeur, Voce Verso, était alors juste à côté du sien, et ça a matché direct. » Il faut dire qu’outre des origines espagnoles communes, les deux femmes partagent de nombreux centres d’intérêt : le rapport à la ville, la foi dans le pouvoir des livres, une conscience de l’environnement…

Cette relation entre ville et nature se retrouvera d’ailleurs au cœur d’un 2e ouvrage jeunesse que prépare actuellement Andrea : « Le vent qui entre dans la ville sera le lien entre ville et nature », explique-t-elle. Avec des allusions directes à Saint-Denis ? « Peut-être. J’aime bien garder un ton assez universel, mais ça n’empêche pas les clins d’œil… », dit celle qui adore se promener dans le Parc de la Légion d’Honneur.

Pour les grands et petits qui souhaiteraient échanger avec elle, ce ne sera malheureusement pas possible cette année au Salon de Montreuil : ni La Tête Ailleurs ni Voce Verso, ni La Cabane Bleue, ses éditeurs, ne sont présents cette année à la 41e édition. « Les temps sont durs pour les petites maisons d’édition. C’est comme si la crise économique du Covid et l’inflation avaient un effet retard », regrette la jeune femme. Mais ses albums vous donneront déjà un aperçu de son imaginaire, coloré comme la foule de Saint-Denis et frais comme la bise des Pyrénées.

Christophe Lehousse

Nous, les petits, d’Andrea Espier, éditions La Tête Ailleurs, 15 euros.

À lire aussi...
Livres jeunesse

« Etre soleil », le dernier né d’un éditeur de Saint-Denis

Faire exister les villes et paysages de Seine-Saint-Denis dans les livres jeunesse, c’est la volonté de La tête ailleurs, maison d’édition basée au 6B, un lieu culturel à Saint-Denis. Fondée en 2018 par la Dionysienne Luna Granada, La tête ailleurs[...]
À lire aussi...
Salon du livre jeunesse

Les Fourmis Rouges, une patte colorée et des histoires piquantes

Neuf ans que cet éditeur jeunesse construit patiemment son œuvre à Montreuil. Créée par la passionnée Valérie Cussaguet, cette petite maison d’édition répand sa joie de vivre dans des livres pensés pour les enfants mais aussi leurs parents. Et jouera[...]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *