Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes à Montreuil :« Le Temps du Féminin »
- Parmi les quelque 800 artistes qui exposaient les 11-12 octobre : la musicienne Mademoiselle Martine et les peintres Claire Loupiac et Sagrav.
- Ces trois amies plaident à travers leurs œuvres pour un monde où l’égalité femmes-hommes serait enfin réelle.

Claire Loupiac derrière son orgue de barbarie fait maison.
« C’est le Temps du monde/ C’est le Temps du Féminin » Ce titre de Claire Lextray alias Mademoiselle Martine donne son nom à l’exposition qu’ont montée ces trois amies artistes à l’occasion des Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes à Montreuil les 11 et 12 octobre.
Toutes les trois disent les violences souvent subies par les femmes et espèrent un monde où l’humain regagnerait du terrain sur les forces de l’argent. Mais chacune le fait à sa manière : Claire Lextray, à l’initiative de l’exposition, le fait avec la double force du visuel et de l’écoute. Il y a deux ans, cette ancienne attachée de presse pour ZebRock au Bahut ou le festival Villes des Musiques du Monde s’est mise à écrire et composer de la musique électro. Ses textes racontent à mots couverts des violences subies par les femmes et une envie de reconnecter avec la nature. « Ca m’est littéralement tombé dessus. Je suis retombée sur des vieilles cassettes que j’avais enregistrées avec mon tout premier groupe où j’étais batteuse. En même temps, mon chat est mort, et tout ça a créé en moi une brèche d’où se sont échappés ces textes », se souvient celle qui ne souhaite pas apparaître en photo.
Des illustrations à regarder… et à écouter
Comme cette Montreuilloise aime toutefois créer en collectif, elle s’est rapprochée d’une illustratrice, Chantal Caraman, et d’une graphiste, Viviane Roch. En sont nés des tableaux sonores, illustrations bariolées qui renvoient via un QR code aux compositions de Claire Lextray, alias Mademoiselle Martine. Ces synesthésies associant visuel et écoute transportent ailleurs, dans un monde où, redevenus enfants, on redécouvrirait le sens des mots partage, solidarité, respect.
Des valeurs qui résonnent aussi avec l’œuvre d’une autre Claire. Montreuilloise comme la première, Claire Loupiac aime aussi donner de la visibilité aux femmes à travers ses peintures. Ses tableaux à l’aquarelle mêlent mains de vieilles femmes et végétaux dans des traits d’une extrême douceur et portent le nom d’anciennes habitantes de Montreuil : Odette, Jeanine… « J’ai rencontré ces femmes chez elles, et ces tableaux racontent quelque part un bout de leur vie », dit cette « éco-féministe », dont la mère travaillait déjà au Planning familial en Seine-Saint-Denis. Cette touche-à-tout croit tellement aux pouvoirs de rencontre de l’art qu’elle a créé de toutes pièces un orgue de barbarie itinérant, l’Organocipède, dont elle jouera aussi ce week-end pour les visiteurs qui voudront pousser la chansonnette avec elle.

Les oeuvres de l’artiste colombienne Sagrav
A ce tableau déjà très beau de la condition féminine, Sagrav – le nom d’artiste d’Amalia Medina – donne un air plus international. Cette Colombienne, installée depuis 2019 à Montreuil, rappelle par sa présence et ses œuvres que le combat pour l’égalité femmes-hommes est mondial. Ses toiles montrent des femmes de toutes origines « qui crient alors qu’on leur a demandé de se taire ». « Je peignais déjà en Colombie. Mais je me suis mise à peindre beaucoup plus après une agression dont j’ai été victime ici en France. Peindre me fait du bien, ça m’apaise », explique cette femme sans se départir de son sourire. Et de se féliciter de vivre à Montreuil, ville où elle « se sent bien, où le mot accueil a pris pour elle tout son sens ». Une fois n’est pas coutume, on ressort d’une agence immobilière en se disant que certaines choses n’ont pas de prix.
Christophe Lehousse
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Cette présentation de l’expo donne très envie de la visiter.
Ça à l’air beau et combatif.
Oui ça l’est! Allez-y, tout ce week-end, c’est gratuit.