« Un moment ancré en moi » : ils racontent leur montée des marches
- Oussoumane et Loïs, deux jeunes habitants de Seine-Saint-Denis, ont eu l’honneur de monter les marches du festival de Cannes, aux côtés de l’acteur Samuel Le Bihan, parrain de l’association Moteur !
- Cette association propose depuis 2016 à des jeunes entre 14 et 22 ans de filmer des personnes qui les inspirent.
- Dans sa vidéo, Oussoumane, 21 ans, a rendu hommage à son quartier des Francs-Moisins quand Loïs, 16 ans, dresse un portrait de ses grands-parents de Villemomble.
« C’était incroyable de monter les marches. Et j’espère les remonter un jour ! » Oussoumane, 21 ans, n’est pas près d’oublier son séjour au festival de Cannes, en compagnie de l’association Moteur !
Avec les 24 autres lauréat·e·s du concours 2024, ce jeune homme originaire de Saint-Denis a eu l’honneur de monter les marches de La Croisette, aux côtés de l’acteur Samuel Le Bihan, parrain de cette association depuis ses tout débuts.
Le propos de Moteur : transmettre de la confiance à des jeunes de tous les milieux, en les invitant à tourner un petit film sur une personne ou un lieu qui les inspirent.
Pour l’occasion, Oussoumane avait choisi son quartier, les Francs-Moisins à Saint-Denis, « là où j’ai passé mes meilleurs moments avec mes potes, là aussi où je suis allé à l’école. », explique celui qui, dans sa vidéo, a réussi de jolis plans de son école primaire Auguste Rodin et de son collège Federico Garcia Lorca.
Loïs, habitant de Noisy-le-Grand, avait quant à lui présenté un film sur ses grands-parents, Josette et Guy, habitants de Villemomble. « Je leur dois tellement de choses. J’étais déjà un enfant curieux, mais ils ont nourri ma curiosité en me prenant chez eux tous les mercredis, en m’emmenant en vacances », vibre le jeune homme de 16 ans.
Inventives et touchantes, leurs vidéos les auront donc menés jusqu’à Cannes, et aussi un peu à la rencontre d’eux-mêmes, comme l’expliquaient les deux principaux intéressés.
« La rencontre avec Samuel Le Bihan était top. C’est une personne merveilleuse. Il nous a dit de faire ce qu’on aime et de le faire avec le cœur », a retenu Oussoumane, qui rêve de devenir acteur ou même réalisateur, maintenant qu’il se fait totalement confiance. Les 25 lauréats auront eu un temps d’échange privilégié avec le protagoniste du « Pacte des Loups » ou de « Trois zéros » sur la terrasse du Palais des Festivals. Autre temps fort, l’arrivée en gare de Cannes, où les portraits des 25 étaient affichés en grand. « C’est un moment ancré en moi, j’en suis déjà nostalgique », sourit Oussoumane.
Dans le train qui le ramène vers Paris, les projets fourmillent d’ailleurs dans la tête du jeune homme de 21 ans. « J’ai envie de commencer direct un court-métrage dont j’ai l’idée depuis un bon moment : l’histoire d’un jeune issu d’un quartier qui aime le piano mais qui se cache pour en jouer parce qu’il assume pas forcément par rapport à ses potes de quartier. »
Loïs, lui, retiendra surtout de son aventure cannoise la « richesse des rencontres » avec ses pairs. « Avec Oussoumane par exemple, on a vraiment sympathisé. Tout en venant tous deux de Seine-Saint-Denis, on vient pourtant de milieux différents. Cela ne nous a pas empêchés de nous découvrir des points communs, dans l’humour ou dans la manière qu’on a chacun de se dire : « il ne faut pas se mettre de barrières », souligne celui qui va maintenant retrouver son école de théâtre dans le 1er arrondissement parisien, L’entrée des artistes.
« Va, vis et deviens », c’était le titre d’un beau film de Radu Mihaileanu. Cela pourrait être la devise de l’association Moteur.
Christophe Lehousse