Les violences dans le sport : enquête au sein des clubs sportifs de la Seine-Saint-Denis
L’Observatoire des violences envers les femmes, le Service du Sport et des Loisirs et la Mission Egalité - Diversité du Département de la Seine-Saint-Denis ont conçu un questionnaire portant sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport. Ce questionnaire a été diffusé auprès des professionnel·le·s et des bénévoles des comités et des clubs sportifs du département afin, d’une part, de mesurer leur niveau d’information sur les dispositifs existants au sein de leur fédération ou structure pour protéger les victimes, et d’autre part, d’identifier leurs besoins.
91 questionnaires ont été complétés, et les résultats de cette enquête menée par Abigaïl Vacher ont été présentés le 10 mars 2022, lors de la 20e Rencontre départementale de l’Observatoire « Violences sexistes et sexuelles dans le sport. Agir et prévenir ».
Profil des répondant·e·s
Autant de femmes (50,5 %) que d’hommes (49,5 %) ont répondu à cette consultation.
Plus des trois quarts des répondant·e·s (76,9 %) ont 40 ans ou plus.
Plus de la moitié (52,7 %) des répondant·e·s sont président·e·s de club ou de comité.
Un tiers (33 %) sont entraîneur·e·s ou éducateurs et éducatrices bénévoles. Un·e sur cinq (20,9 %) est salarié·e, certaines personnes cumulant plusieurs fonctions.
Une majorité de professionnel·le·s ayant participé à cette consultation travaillent au sein d’un club (67 %). 17,6 % évoluent au sein d’un comité et 15,4 % au sein des deux.
Les disciplines des clubs ou comités sont très variées : sports collectifs (22 %), arts martiaux et sports de combat (16,5 %), omnisports (13,2 %), sports aquatiques et nautiques (9,9 %), pour ne citer que les principales.
Expérience personnelle des violences
9,9 % des répondant·e·s déclarent avoir été victimes de violences sexistes ou sexuelles au cours de leur expérience dans le milieu sportif. Parmi ces victimes figurent autant de personnes déclarant un seul fait que plusieurs faits.
Le continuum des violences transparaît dans les réponses, avec des violences psychologiques, physiques et sexuelles citées.
Les auteurs de ces violences étaient tous des hommes. Il pouvait s’agir d’entraîneurs, d’éducateurs, de dirigeants ou de pratiquants.
40,7 % des répondant·e·s déclarent avoir été témoins ou avoir eu connaissance de faits de violences sexistes et/ou sexuelles dans le cadre de leur expérience dans le milieu sportif. 18,9 % d’entre elles et eux signalent plus de cinq faits de violence dont ils et elles ont été témoins.
Plus de la moitié des témoins (54,1 %) ne s’est pas sentie suffisamment outillée pour faire face à cette situation et orienter la victime. La plupart souhaitent être accompagné·e·s pour savoir comment réagir face à ce type de situation.
Un fort besoin de formation est exprimé, notamment sur les violences sexistes et sexuelles en général, mais aussi sur les moyens de protéger les victimes et de signaler les violences. Les répondant·e·s souhaiteraient également pouvoir disposer d’outils de communication sur le sujet.
Niveau d’information sur le sujet des violences dans le sport
9 encadrant·e·s sur dix (90,1 %) ont entendu parler des violences faites aux femmes dans le sport.
Connaissance de dispositifs existants au sein du comité ou du club
Plus de la moitié des encadrant·e·s (56 %) connaissent au moins un dispositif mis en place au sein de leur fédération pour prévenir les violences sexistes et sexuelles dans le sport.
En revanche, à l’échelle du comité ou du club, seul·e un peu moins d’un·e encadrant·e sur trois (31,9 %) déclare avoir connaissance d’un dispositif de prévention des violences. La création d’outils de sensibilisation sur ce sujet (22 %), l’organisation de sessions de sensibilisation ou de formation sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport (19,8 %), l’utilisation du portail de vérification de l’honorabilité des personnels sportifs (18,7 %), la mise à disposition d’informations fédérales sur le sujet (16,5 %) et la mise en place d’un protocole précisant l’utilisation des vestiaires et des douches (11 %) sont les initiatives citées.
Une proportion similaire d’encadrant·e·s (34,1 %) évoque l’existence d’un dispositif de protection au sein de leur structure. Il peut s’agir de la création d’une mesure d’éloignement immédiat de l’auteur (20,9 %), de la mise en place d’un circuit de signalement dédié (18,7 %) ou encore de la présence d’un·e référent·e en soutien en cas de révélation de violences envers un·e pratiquant·e (18,7 %). L’affichage d’une liste de numéros d’écoute (16,5 %) et le partenariat avec une association locale (11 %) font également partie des actions mentionnées.
Environ quatre encadrant·e·s sur dix connaissent un ou plusieurs dispositifs pour sanctionner les auteurs de violences sexistes et sexuelles au sein de leur fédération ou au sein de leur club ou comité (commissions de discipline, mesures de radiation, par exemple).
La constitution de commissions de discipline est l’action la plus mise en œuvre à ce jour (37,4 %) au sein des clubs, ainsi que la nomination d’un ou d’une référente sur les violences dans le sport (24,2 %).