Etude sur la prostitution des mineures en Seine-Saint-Denis
L’Observatoire des violences envers les femmes a mené trois études inédites sur la prostitution des mineures à partir des dossiers des juges des enfants du tribunal judiciaire de Bobigny, de la Protection judiciaire de la jeunesse et de la Cellule de recueil des informations préoccupantes de la Seine-Saint-Denis.
L’objectif de ces études est de mieux connaître le parcours de ces jeunes filles pour mieux les protéger : analyser les parcours de vie des mineures en situation de prostitution ou en risque de l’être, afin d’identifier des facteurs de risque prostitutionnel et d’apporter ces informations aux professionnel·le·s de l’enfance et de l’adolescence, dans une perspective de prévention.
Études de l’Observatoire des violences envers les femmes du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, réalisées par Ségolène Aubry-Bloch, Olivia Bourdin, Marie-Paule Conaré, Diane Gayraud, Kylian Leplanois, Julie Martinaud et Mathieu Scott sous la direction d’Ernestine Ronai, en partenariat avec le tribunal judiciaire de Bobigny, la Cellule de recueil des informations préoccupantes du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et la Protection judiciaire de la jeunesse de la Seine-Saint-Denis.
Chiffres-clés des études
Les trois études dénombrent 77 mineures victimes ou en risque de prostitution (dont 69 filles) et 12 mineurs proxénètes (dont 8 garçons).
Un parcours marqué par la violence
– Pour 7 mineures victimes de la prostitution sur 10, des violences subies hors du contexte prostitutionnel ont été repérées par les professionnel·le·s. Il s’agit 8 fois sur 10 de violences physiques et/ou sexuelles.
– Lorsque les violences sont sexuelles, il s’agit d’un viol pour 1 cas sur 2.
– Les deux tiers des proxénètes suivis par la PJJ ont également subi des violences dans leur enfance et leur adolescence, et une décision de protection de l’enfant n’a été prise qu’une seule fois.
– 1 mineure victime de la prostitution sur 2 a subi des violences de ses parents et/ou de ses beaux-parents.
– Pour 4 mineures victimes sur 10, leur mère a subi des violences conjugales.
Dans les dossiers les plus complets que sont ceux des juges des enfants, ce sont 6 mineures sur 10 dont la mère a été victime de violences conjugales.
Précarité et désinvestissement scolaire
– 1 mineure sur 2 a été placée au moins une fois au cours de sa vie, tout comme 2 proxénètes suivis par la PJJ sur 3.
– La situation du foyer est précaire pour 7 mineures sur 10.
– 1 mineure sur 2 a fugué plusieurs fois avant l’entrée dans la prostitution.
– 8 victimes sur 10 présentent un rapport difficile avec l’institution scolaire, dont 6 sur 10 sont déscolarisées.
– Les proxénètes suivis par la PJJ auraient également tous un mauvais rapport à l’école, et 6 sur 10 sont déscolarisés.
– 1 mineure sur 2 a développé une addiction, à la drogue pour 70 %.
Pratiques prostitutionnelles
– L’âge médian des victimes au moment de leur premier acte prostitutionnel est de 15 ans.
– Au moins 6 mineures sur 10 ont été victimes de proxénétisme.
– Aucune des mineures suivies par la PJJ ne reconnaît être ou avoir été en situation de prostitution, et un seul proxénète se considère comme tel.
Suites aux révélations
– Pour les dossiers des juges des enfants, dans 72 % des cas de violences subies avant l’entrée dans la prostitution ayant été dénoncées aux autorités compétentes, il n’y a pas eu de suites judiciaires.
– Plus de 75 % des mineures en situation de prostitution ne bénéficient d’aucun suivi psychologique, notamment en psychotraumatologie.
L’étude intégrale est disponible en s’adressant à l’Observatoire, au 01 43 93 41 93.