Commémoration des soixante ans de l’indépendance de l’Algérie

« Nous sommes faits de la mémoire de nos ancêtres, et aussi de nos souvenirs » Nina Bouraoui, romancière française fille d’un père algérien militant et d’une mère bretonne, commandeuse de l’ordre des Arts et des Lettres.

Réconcilier de douloureuses mémoires...


L’année 2022 marque les soixante ans de l’indépendance de l’Algérie, mettant un terme à 132 ans d’occupation coloniale par l’État français.

Le Département de la Seine-Saint-Denis, sous l’égide de Stéphane Troussel, son président, et de Dominique Dellac, sa vice-présidente en charge du patrimoine culturel, de la mémoire, de du tourisme et l’éducation artistique et culturelle, organise une série d’événements tout au long de l’année pour comprendre les grandes étapes ayant jalonné le processus d’indépendance algérien qui a marqué durablement notre histoire nationale et celle de notre territoire.

En effet, cette période charnière de notre Histoire reste encore très largement méconnue du grand public ; à l’époque, déjà, les pouvoirs publics préféraient le terme « d’événements d’Algérie », alors qu’il s’agissait bien d’une guerre.

Il est désormais impératif d’en finir avec cet « en même temps » variant en fonction des publics et des auditoires, et d’entrer durablement dans l’âge de la maturité mémorielle. Le devoir de mémoire est une nécessité, d’abord pour les victimes et leurs familles mais aussi pour toutes celles et tous ceux qui sont acquis·es à la paix et au droit à l’indépendance des peuples.

Car, au fond, l’erreur consisterait à croire que la mémoire de la guerre d’Algérie ne concerne qu’une génération de personnes qui aurait directement été victimes ou témoins de ces exactions. Elle résiderait tout autant dans l’idée selon laquelle on ne pourrait en parler sans porter atteinte à telle ou telle partie de la population française, alors que bien au contraire, cette histoire appartient et a forgé une grande partie de celles et tous ceux qui vivent dans notre pays.

C’est aussi une étape essentielle, parce que l’histoire a besoin de vérité et de justice, et ne saurait se construire sur l’impunité et l’oubli. C’est à cette unique condition que nous pourrons poser durablement des actes pour permettre à la France et à l’Algérie de regarder leur passé en face, et de mieux envisager leur futur ensemble.


Les événements de l’année commémorative

Mercredi 9 février 18h – Table ronde sur la répression de la manifestation de Charonne

L’historien Alain Ruscio, le Président du Comité Justice et Vérité pour Charonne Henri Cukierman, la journaliste Rosa Moussaoui, le témoin Nicolas Devers-Dreyfus… ont présenté les tenants et les aboutissants de la manifestation pacifique engagée à l’appel des syndicats et partis de gauche en 1962 pour dénoncer les attentats de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS). La répression policière particulièrement violente a fait 9 mort∙e∙s et 250 blessé∙e∙s dans les couloirs et à proximité du métro Charonne. Parmi eux∙elles, plusieur∙e∙s militant∙e∙s CGT et PCF originaires de Seine-Saint-Denis ont perdu la vie comme Suzanne Martorell, Hippolyte Pina et Daniel Fery. Ces événements, couverts par une loi d’amnistie, n’ont jamais été condamnés par la Justice, même si les faits ont depuis été documentés. Pour garder vivante la mémoire de ces violences, les époux Alain et Désirée Frappier, présents à la table ronde réalisée en février à Bobigny ont présenté leur roman graphique « Dans l’ombre de Charonne » qui dévoile de manière intime le contexte et le déroulement de cette tragédie.


Samedi 19 mars 16h - Table ronde « Algérie : Soixantième anniversaire des accords d’Evian »

L’historien Gilles Manceron spécialiste du colonialisme et Aïssa Kadri, professeur émérite à l’université Paris 8 et directeur de l’institut Maghreb-Europe ont présenté les négociations entre le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) et le gouvernement français précédent la signature des Accords d’Evian le 18 mars 1962. Ces accords historiques vont mettre fin à une terrible guerre de sept ans et à 132 ans de colonisation française.
Le texte, composé de 93 pages, prévoit d’abord un cessez-le-feu entre les belligérants et ont été suivis par l’organisation d’un référendum qui permettra à la majorité musulmane de la population algérienne de voter l’indépendance le 1er juillet 1962.
Il n’arrêtera pas, pour autant, les exactions du FLN et les attentats de l’OAS, qui affronte l’armée française dans le quartier de Bab el-Oued avant d’être en partie démantelée. « Le bilan de cette guerre est très lourd avec 300 000 morts (algériens et français), 2 millions de personnes déplacées en Algérie et 1 millions de réfugiés Français d’Algérie et musulmans rapatriés dans l’Hexagone » résume Aïssa Kadri.

Samedi 16 avril - Journée débat sur les mémoires françaises de la guerre d’Algérie

Le directeur du musée d’Histoire vivante, une représentante de la Direction des Services d’Archives (DSA), la présidente de l’association Promnésie, des journalistes, des chercheurs en histoire contemporaine et des chargés de cours universitaires ont présenté leurs réflexions sur les enjeux de mémoires de la guerre d’Algérie aujourd’hui et l’importance de regarder son passé en face, pour mieux envisager le futur ensemble. Caroline Andréani, responsable de la valorisation des Archives départementales a ainsi mis en avant les photographies du journal L’Humanité et le fond du Parti Communiste français, véritable manne pour un historien qui voudrait se plonger dans ce pan de notre histoire collective.

Dimanche 3 juillet - Rencontre citoyenne et musicale

Un banquet citoyen a été programmé dimanche 3 juillet en fin de matinée au parc Georges-Valbon de la Courneuve, afin de célébrer la journée du 5 juillet 1962 (fête de l’indépendance algérienne), en compagnie d’associations algériennes et de la diaspora. Le plasticien Rachid Koraichi a présenté une œuvre en mémoire des femmes et des hommes morts pour l’indépendance de l’Algérie ; qui sera installée dans ce lieu public.

Mercredi 12 octobre - Projection sur le rôle des magistrats pendant la guerre d’Algérie

Une table ronde consacrée à Fatima Bédar, l’une des martyre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 et au rôle des magistrats pendant la guerre a été organisée le 12 octobre aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, en présence de l’historienne Sylvie Thenault. Des extraits du film « Des hommes de loi dans la tourmente » seront diffusés à cette occasion.

Samedi 15 octobre - Lecture publique de l’oeuvre de Kateb Yacine

Le dramaturge Mohamed Kacimi a rendu hommage au célèbre romancier constantinois Kateb Yacine, considéré comme le fondateur de la littérature algérienne. Samedi 15 octobre, il a ainsi déclamé à la MC93 de Bobigny le poème « Dans la gueule du loup » écrit après la répression du 17 octobre 1961 à Paris entrecoupé d’entretiens de cet éternel et irréductible perturbateur.


Une commémoration en hommage aux victimes de la répression du 17 octobre 1961 est prévue lundi 17 octobre à 12h30 à l’angle du passage Machouart et du quai Jean-Marie-Tjibaou. Les inscriptions se font ici.

D’autres temps forts sur les 60 ans de l’indépendance algérienne

Mardi 1er novembre à 10h30, l’œuvre du sculpteur Rachid Koraïchi, intitulée « Le vigilant », sera dévoilée, en présence de Stéphane Troussel et de Dominique Dellac, vice-présidente chargée du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique, à la Maison du parc Victoria-Montou (55 avenue Waldeck-Rochet à la Courneuve).

Des chercheur·euse·s et des historien·ne·s vous proposent une Journée d’études mardi 8 novembre de 9h à 16h30 à la Bourse du travail (11 rue du 8 mai 1945) à Bobigny. Ils·elles s’interrogeront sur la construction du jeune État-nation algérien, la situation des médias après l’indépendance, la coopération entre la France et l’Algérie sur la question de la diversité des mémoires... Le programme est disponible ici.


L’association Yalla célèbre les mémoires communes

La famille de Fatima Bédar, une jeune militante indépendantiste stanoise victime de la répression parisienne a organisé des événements grand public avec une ONG, parmi lesquelles :

 le film documentaire Ici, on noie des Algériens le 13 octobre à 20h au cinéma l’Écran de Saint-Denis

 le ballet chorégraphique de hip-hop le 15 octobre à 20h avec la compagnie NoMad à la Salle de la Légion d’Honneur

 la cérémonie de commémoration du 17 octobre portée par des enfants le 17 octobre à 16h place Georges-Arnold à Saint-Denis



Appel à témoignage pour transmettre la mémoire de la guerre d’Algérie

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Le Département lance un appel à témoignages auprès de l’ensemble des habitants du département, et des habitantes, car le rôle des femmes pendant la guerre d’Algérie a été majeur.

Que vous ayez été civil·e en appui au conflit (préparation de repas, logistique, transport…), appelé du contingent, combattant·e du FLN, harki ou femme de harki, rapatrié·e, syndicaliste, militant·e politique, vous avez vécu la guerre d’Algérie. Celle-ci a marqué votre vie. Vos souvenirs sont précieux pour la constitution d’une mémoire populaire, éclairée et apaisée autour de cette période qui a marqué durablement notre histoire.

Nous invitons également les jeunes générations à s’associer à ce travail, pour découvrir les répercussions de ce conflit sur leur construction personnelle et sociale, comprendre leurs origines via l’histoire de leur famille, de leurs proches, tout en favorisant les échanges intergénérationnels.

Parce que l’Histoire a besoin de vérité et de justice et ne saurait se construire sur l’impunité et l’oubli, à vos plumes, à vos smartphones ! Envoyez-nous vos témoignages ou laissez-nous un message avec vos coordonnées à l’adresse suivante : histoirememoire-archives@seinesaintdenis.fr

Si vous souhaitez des flyers pour diffuser dans votre structure, vous pouvez faire la demande à l’adresse suivante : histoirememoire-archives@seinesaintdenis.fr.
Vous pouvez aussi télécharger le flyer en cliquant ici

Photo : Guerre d’Algérie : Portrait d’une délégation de femmes, avec quelques jeunes enfants, pour la « paix en Algérie ». Paris (75), 72 Rue du Faubourg Saint-Martin, 10e arrondissement, 05 mai 1956.
Droits réservés - Mémoires d’Humanité / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Daniel Ruhl, Sophie Loubaton et Sylvain Hiteau


mis à jour le 3 novembre 2022

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