Communiqué de presse de Stéphane Troussel, président du Département - 14 mars 2024Madame la Ministre, nous demandons un choc d’égalité pour l’École publique en Seine-Saint-Denis !
La Seine-Saint-Denis est en pleine mutation. Nous nous trouvons à un tournant, avec dix années de transformations en perspective. Cependant, un constat amer persiste : rien ne change pour l’École publique.
Depuis le 26 février, la communauté éducative se mobilise contre les inégalités grandissantes qui affectent notre département et impactent notre système éducatif. Elle réclame plus de moyens, et je me fais l’écho de cette colère. Je refuse que les ressources allouées par l’Éducation nationale aux établissements en éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis soient parfois inférieures à ceux des établissements des quartiers favorisés de Paris.
La ségrégation sociale qui s’est installée entre les établissements, et mise en lumière par les IPS récemment publiés, n’est pas tolérable.
Les enseignants sont épuisés et leur métier n’est pas suffisamment valorisé. Les absences non remplacées se multiplient : seul un enseignant sur deux serait remplacé dans le secondaire en Seine-Saint-Denis, contre 78 % à l’échelle national.
- Un choc d’égalité plutôt qu’un « choc des savoirs » -
Madame la Ministre, ce n’est pas un « choc des savoirs » dont nous avons besoin pour notre École en Seine-Saint-Denis, mais un choc d’égalité. Nous ne voulons ni des groupes de niveaux qui trient les élèves ni du gadget de l’uniforme. Nous attendons un plan d’urgence concernant les moyens d’enseignement et de vie scolaire. Nous espérons de vous que vous remettiez l’École publique, garante de l’égalité, au cœur des priorités de votre Gouvernement.
La Seine-Saint-Denis figure parmi les cinq départements qui investissent le plus dans les collèges. D’ici 2030, nous consacrerons un milliard d’euros à la rénovation ou à la construction de 44 établissements. Déjà, depuis 2010, le Département a construit 10 collèges supplémentaires, passant de 120 à 130 collèges publics, reconstruit 23 collèges et modernisé 82 autres. Cependant, ces efforts ne seront jamais suffisants, car ils sont entravés par la pénurie d’enseignants, de moyens de vie scolaire, de personnels médico-sociaux. Par ailleurs, la maintenance d’un patrimoine scolaire d’ampleur est un défi quotidien qui demande plus de moyens.
- Sur le bâti scolaire, l’État a une dette de 240 millions d’euros envers la Seine-Saint-Denis -
Actuellement, l’État ne compense nos investissements dans le bâti des collèges qu’à hauteur de 8,8 %, bien en deçà de la moyenne nationale qui est de 15 %. À titre de comparaison, le Département des Ardennes bénéficie d’une compensation de 84 %. Il est indéniable que l’État a une dette envers la Seine-Saint-Denis.
Pour combler ce retard et bénéficier d’un traitement équitable, nous demandons une compensation sur nos investissements, soit 40 millions d’euros par an jusqu’en 2030. 240 millions, c’est une exigence d’égalité territoriale qui permettra d’accélérer les efforts déjà massifs entrepris pour construire de nouvelles places, rénover les collèges et en assurer une maintenance efficace.
Avec Emmanuel Constant, Vice-Président en charge des collèges, nous demandons un choc d’égalité qui permettra enfin à l’Ecole publique de prendre la place qui est la sienne : au cœur de la promesse républicaine.