Jacqueline
Suite à une agression à son domicile, Jacqueline âgée de 89 ans, est hospitalisée pour soigner ses blessures. Dans sa chambre d’hôpital, Jacqueline subit des traitements dits de contention, qu’elle vivra comme traumatisants et violents. Comment prendre en compte la douleur physique et morale des personnes dans leurs parcours de soins ? Comment un lieu hospitalier peut-il devenir angoissant ?
L’arrivée à l’hôpital
Après de longues heures d’attente aux urgences, une place se libère dans une chambre. La voisine de Jacqueline, très désorientée, l’empêche de dormir
et de se reposer.
Afin de retrouver du calme, Jacqueline décide de passer la nuit sur un fauteuil dans le couloir de l’hôpital. Elle est alors confrontée à une situation brutale et traumatisante pour elle.
Le traumatisme
L’infirmière de garde signifie à Jacqueline l’interdiction de dormir dans le couloir. Dans le souvenir de Jacqueline, l’application de ce règlement se déroule alors dans la brutalité.
« Elle m’a attrapée brutalement. Elle m’a attachée au lit, dans la chambre. Elle est allée chercher une seringue. »
D’un tempérament affirmé, Jacqueline ne s’est pas laissée faire.
« J’ai quand même réagi. J’avais des palpitations. Je leur ai dit : ’Vous n’avez pas le droit de me maltraiter comme ça. »
« J’ai dit : Madame, vous n’avez pas à m’attacher comme ça et la piqûre, l’ordonnance, elle est où l’ordonnance du médecin. Et qu’est-ce qu’elle m’a fait comme piqûre, je sais pas. Ça, je voudrais le savoir. »
Jacqueline a immédiatement le sentiment de subir un événement anormal et un traitement violent.
« Ce que j’ai ressenti, j’ai dit : C’est dur à défaire ça. J’ai dit : C’est de la torture. C’est ça la torture. C’est la façon de torturer les gens, on les attache. Et c’est solide, hein. C’est solide. »
« Je trouvais que c’était gros, un peu exagéré pour le problème qu’on avait, voyez ? »
Le souvenir des faits qui se sont produits cette nuit à l’hôpital hante l’esprit de Jacqueline, encore aujourd’hui.
« Moi, je savais pas ce que c’était un traumatisme. Maintenant, j’vais vous l’expliquer. C’est un fait qui vous revient, qui vous ressasse. Et vous vous dites, j’aurais dû faire ça, j’lai pas fait… C’est ça le traumatisme, c’est de ressasser les événements. C’est ça. Voyez ce que je veux dire ? »
Jacqueline se souvient de la peur qu’elle a ressentie.
« J’ai pas voulu faire de scandale. Ben moi, j’me pose la question pourquoi j’ai pas gueulé. Parce que j’ai dit : Ils vont me faire des piqûres sur piqûres. Voilà ce que j’ai eu peur. »
Lieu de protection et d’humanité, les établissements de soins sont devenus pour Jacqueline un lieu d’insécurité et de craintes.
« C’est incroyable que ça m’arrive, que ça me soit arrivé dans un hôpital. »
« Moi, l’hôpital, et même la clinique ça me fait peur hein. Ha pour ça, j’ai même pas voulu aller en maison de retraite, parce qu’y paraît que c’est pareil. Paraît que dans les maisons de retraite, c’est atroce aussi. »